Alien 5 Eternity (huitième épisode)
Les rires se démultiplièrent. La poupée se mit à hocher de la tête en s’esclaffant. Ses longues dents acérées claquèrent les unes contre les autres. Un rideau de bave s’étira en tremblotant tandis que ses horribles et puissantes mâchoires s’ouvraient toujours plus grandes à chaque sursaut. Le xéno-morphe avait vraiment l’air de se bidonner. Un petit rire strident sortit, soudain, du fond de sa gueule.
Nico se réveilla brutalement, juste au moment où l’infâme appendice surgissait comme un diable hors de la gueule du monstre pour lui rire au nez. Il releva la tête de son plan de travail, un petit sourire figé sur les lèvres. Une marque rougeâtre laissée par les plis de sa manche lui striait la joue jusqu’au coin de l’œil. Sa peau avait perdu de son hâle habituel et ses boucles rousses semblaient, elles aussi, un peu plus ternes. Il prenait, à l’évidence, bien moins soin de lui qu’auparavant. Personne, dans l’équipe du labo, n’y avait prêté attention. Et d’ailleurs, tous s’étaient un peu relâchés à ce niveau là, concentrés qu’ils étaient sur leurs recherches et leurs expériences.
Nico avait travaillé tard et s’était endormi devant l’écran holographique de son ordinateur. Des lignes de codes a.d.n y défilaient encore à toute vitesse, formant d’interminables colonnes de lettres. La lumière blanche de l’hologramme lui éclairait faiblement le visage. Le jeune homme cligna des yeux, puis se frotta les paupières du bout des doigts, en baillant de fatigue. Un léger frottement ou, peut-être, un soupir, le fit tressaillir.
Nico se retourna brusquement sur son siège. La voix de la "Mutante" surgit, alors, de la pénombre :
- Tu travailles beaucoup trop, mon petit…! Ce n’est pas un endroit pour dormir. Tu as besoin de vraies nuits de sommeil dans un bon lit douillet, tu ne crois pas ?
Lady Ripley se tenait assise dans un coin du labo. Sa haute silhouette émergeait à peine de l’ombre. Seul, le reflet de ses yeux noirs scintillait brièvement dans l’obscurité. Cela faisait plus de six mois que l'immonde Foller s'était approprié le corps de Nico et elle ne s'était rendu compte de rien. Aucun signe, aucune odeur, pas même un regard n'avait trahi le double spirituel du professeur. Le jeune assistant se leva de son siège.
- Vous avez raison…! Je dois faire une fixation. Il vaut mieux que je prenne un peu de recul. Je vais rentrer et essayer de dormir… Oublier le travail et ne plus penser à rien...!
Lady Ripley lui tendit les mains.
Lady Ripley lui tendit les mains.
- Viens près de moi et dis moi plutôt ce qui te tracasse. Je t’ai trouvé un peu distant, ces temps-ci. Qu’est-ce qui ne va pas…?
- Je ne sais pas…! C’est peut-être à cause de ma petite amie. Elle aussi pense que je travaille trop et elle me le fait sentir…!
- C’est elle qui a raison, je crois. Tu serais bien mieux entre ses bras...!
- Oui, peut-être…! répondit-il sur un ton suggestif.
Lady Ripley prit les mains de son assistant entre les siennes et les serra tendrement. La caresse glaciale fut comme un choc électrique pour le jeune homme. Celui-ci ne put se retenir de frissonner tant le plaisir était grand. Il sentit l’onde remonter le long de ses veines, couler dans ses artères, s’étendre à travers son corps et finir par converger vers son bas-ventre.
Nico obéit docilement aux désirs de Lady Ripley. La "Mutante" attira le jeune homme à elle et l’invita à se mettre à genoux. Elle commença par le dévisager avec délectation, puis se mit à lui caresser les cheveux, relevant de longues mèches rousses entre ses doigts noueux pour lui dégager le front. Elle posa tendrement sa paume contre la joue veloutée de son assistant, puis du bout des doigts, lui effleura le contour du visage.
Nico cligna plusieurs fois de l’œil droit avant de fermer les yeux et de s’abandonner aux délicatesses de Lady Ripley. Il sentit les lèvres glacées de la "Mutante" se poser sur son front, sur ses paupières, puis glisser sur le velours de sa joue. Son haleine acre et épicée lui chatouilla l’épiderme, puis enfin s’unit à son souffle. Il laissa la langue froide et gluante s’immiscer profondément dans sa bouche entrouverte et s’entortiller à la sienne.
Lady Ripley posa les mains de son assistant sur ses genoux, puis les fit lentement remonter le long de ses cuisses tandis qu’elle écartait les jambes. Le tissu glissa en crissant légèrement sur sa peau écailleuse, la dénudant peu à peu et la découvrant jusqu’à l’aine. Nico se laissa guider, le cœur battant, puis, soudain, il se figea sur place, effaré à la vue de ce qu’il venait de discerner.
Nico obéit docilement aux désirs de Lady Ripley. La "Mutante" attira le jeune homme à elle et l’invita à se mettre à genoux. Elle commença par le dévisager avec délectation, puis se mit à lui caresser les cheveux, relevant de longues mèches rousses entre ses doigts noueux pour lui dégager le front. Elle posa tendrement sa paume contre la joue veloutée de son assistant, puis du bout des doigts, lui effleura le contour du visage.
Nico cligna plusieurs fois de l’œil droit avant de fermer les yeux et de s’abandonner aux délicatesses de Lady Ripley. Il sentit les lèvres glacées de la "Mutante" se poser sur son front, sur ses paupières, puis glisser sur le velours de sa joue. Son haleine acre et épicée lui chatouilla l’épiderme, puis enfin s’unit à son souffle. Il laissa la langue froide et gluante s’immiscer profondément dans sa bouche entrouverte et s’entortiller à la sienne.
Lady Ripley posa les mains de son assistant sur ses genoux, puis les fit lentement remonter le long de ses cuisses tandis qu’elle écartait les jambes. Le tissu glissa en crissant légèrement sur sa peau écailleuse, la dénudant peu à peu et la découvrant jusqu’à l’aine. Nico se laissa guider, le cœur battant, puis, soudain, il se figea sur place, effaré à la vue de ce qu’il venait de discerner.
Lady Ripley tenait sa tunique plaquée sur le haut de ses cuisses. Quelque chose bougeait derrière le pan de soie qui pendait entre ses jambes écartées. Le jeune homme s’était redressé sous le coup de la surprise, les yeux écarquillés. Il regardait la chose en train de se tortiller sous la tunique distendue, imaginant un énorme clitoris aussi long et mobile que la mâchoire préhensile d’un xéno-morphe. Puis, soudain, les mouvements cessèrent.
Riant à gorge déployée, Lady Ripley releva lentement le pan de tissu…
Riant à gorge déployée, Lady Ripley releva lentement le pan de tissu…
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Nico tenait le haut du drap levé au-dessus de sa tête quand il se réveilla, pour de bon cette fois, et retrouva la réalité. Il ouvrit les yeux :
- Qu’est-ce qui se passe…? Ah, c’est toi…! murmura-t-il dans un soupir, en apercevant sa petite amie fourrée sous la couette, la bouche encore pleine.
- Qu’est-ce qui se passe…? Ah, c’est toi…! murmura-t-il dans un soupir, en apercevant sa petite amie fourrée sous la couette, la bouche encore pleine.
- Bah, qui veux-tu que ce soit…! Bien sûr que c’est moi ! lui lança Emma, après avoir lâché prise. Ça fait plus d’une semaine que ça ne t’était pas arrivé, alors j’en profite…! Et tu ferais bien d’en faire autant…!
Nico bandait ferme, trop heureux d’avoir une aussi jolie petite vicieuse dans son lit. Emma engloutit la verge de son amant entre ses lèvres expertes, pressa et humecta habilement le gland luisant et dur, puis fit glisser tout le reste au fond de sa bouche en salivant comme une fontaine. Elle caressa délicatement les deux petits testicules gonflés de désir entre ses doigts savants, avant de se mettre à les polir fiévreusement, du bout de la langue, d’abord, puis à grosses bouchées gourmandes et, enfin, à pleine dents.
- Aaahhh…!!! E…mma ! gémit Nico, au summum du plaisir.
Avide, la jeune femme avala le sperme chaud jusqu’à la dernière goutte et jouit doucement.
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- Tu m’avais promis une soirée…! T’es vraiment un salaud ! Toute la semaine, tu as repoussé l’échéance en prétextant qu’on avait le temps, et le dernier jour tu me fais le coup de la migraine…! Hin…! Madame a ses vapeurs ! s’exclama Emma avec la gestuelle appropriée.
Nico releva la tête de son cyber-magazine et l’observa d’un œil noir. La jeune femme soutint effrontément le regard oblique de son amant, puis grimaça.
- J’ai mis l’après-midi à me faire belle et maintenant tu refuses de m’accompagner. Tu me prends pour une conne !? reprit-elle. Qu’est-ce qui te prend depuis des mois de me faire faux bond à chaque fois…?
Nico ne répondit pas et se remit à admirer les photographies sur son flex.
- Oh, et puis arrête avec tes xéno-morphes…! Lâche un peu tes magazines. Ça devient une obsession, ma parole ! s’écria Emma, survoltée.
Le jeune homme soupira fortement, la regarda bien en face et répondit :
Le jeune homme soupira fortement, la regarda bien en face et répondit :
- Ça ne te suffit pas qu’on soit ensemble…!?
- Non, ça ne me suffit pas…! J’ai envie de m’amuser et de sortir avec toi, pour une fois...!
- Et moi je ne veux pas…! J’ai besoin de me reposer et de réfléchir à mon travail. Rien ne t’empêche d’aller t’amuser…!
- Si, toi…! Tu crois que ça me plait d’y aller seule, alors qu’on est ensemble. J’ai l’air de quoi auprès des copines…! C’est pas la peine de vouloir leur passer le bonjour, d’ailleurs, elles ne veulent même plus entendre parler de toi… Tu es content de gâcher mes soirées…!?
- Écoute, Emma, calme toi et essaye de me comprendre. C’est demain que je retourne au labo et je dois être en pleine forme. Je t’avais prévenue que le travail passait avant tout et que je n’aurais pas beaucoup de temps...!
- Le travail…! Mais, est-ce que je travaille, moi ! Pas un jour de l’année...! Tu pourrais chômer une journée pour me faire plaisir…! Tu veux que je te dise, c’est à cause de "lui". Tu penses encore à ce salaud de Foller…! Il t’a complètement transformé. Il t’a rendu "normal"…!
- Je t’ai déjà dit qu’il ne s’était rien passé entre nous...! Il m’a aidé pour mon travail et c’est un de mes meilleurs amis, alors arrête de dire n’importe quoi. Je suis le même qu’avant et c’est toi que j’aime...!
- Eh bien, on dirait pas…! Je suis certaine que tu le vois encore !
- Tu veux, peut-être, que je t’autorise à me surveiller…? répondit Nico, subitement inquiet de voir les choses aller plus loin.
Personne, n’avait été mis au courant de "sa" relation avec le professeur. Tous deux s’étaient toujours cachés et déguisés à chacun de leur rendez-vous. Il n’y avait que Emma qui le harcelait depuis le début avec ses doutes.
Personne, n’avait été mis au courant de "sa" relation avec le professeur. Tous deux s’étaient toujours cachés et déguisés à chacun de leur rendez-vous. Il n’y avait que Emma qui le harcelait depuis le début avec ses doutes.
- Pourquoi pas, en fait. Si ça peut te rassurer...! ajouta-t-il.
- Me rassurer…!? Ce qui est fait est fait… ! Et puis, ça ne me dira pas avec qui tu es...!
- Tu pourras au moins vérifier tous mes déplacements…! Et tu verras, comme ça, que je reste dans le droit chemin. Métro, boulot, dodo...!
- Eh ben, ça ne va pas être la fête tous les jours…! ironisa Emma.
- J’aurais peut-être droit à plus de confiance et de tolérance de ta part...! lui rétorqua-t-il.
- Il me suffirait de le regarder dans les yeux et de lui poser la question, à ton Foller, pour connaitre la vérité…!
- Mais la vérité je viens de te la dire. Il ne s’est rien passé et il ne se passera rien…! Tu vas me faire confiance, merde...!
- À qui je dois faire confiance…? Au Nico qui m’a laissé tomber ou à celui qui préfère rester seul avec ses saletés de xéno-morphes...!
Nico se contenta de hausser les sourcils. Elle reprit :
- Au fait, vu que c’est un bal costumé, si j’en croise un, je te le ramène comme ça tu pourras aussi baiser avec…! Fais de beaux rêves…!
- Au fait, vu que c’est un bal costumé, si j’en croise un, je te le ramène comme ça tu pourras aussi baiser avec…! Fais de beaux rêves…!
Puis elle tourna les talons, prit sa veste au porte manteau et le gros sac de toile qui y pendait.
Nico la rappela à l’ordre :
Nico la rappela à l’ordre :
- Emma…! Ne t’avise surtout pas de colporter un tas de ragots sur Foller et moi. C’est un ami et ça nous ferait du tort à tous !
La jeune fille se retourna brusquement et le défia du regard.
La jeune fille se retourna brusquement et le défia du regard.
- Je t’ai dit que personne ne voulait plus entendre parler de toi…! répondit-elle en ouvrant la porte de l’appartement.
Nico la regarda disparaitre, le sourcil froncé. Si elle savait...! pensa t-il. Si elle savait qu'elle s'adressait à Foller quand elle croyait s'adresser à Nico, elle en ferait un infarctus...! Il en sourit intérieurement, puis reprit un air soucieux. Il se demandait ce qu’elle était capable de dire ou de faire par jalousie. Après un moment passé à y réfléchir, il reprit son cyber-magazine sur la table basse, se renversa au fond du canapé, admira l’hologramme qu'il avait sous les yeux durant quelques instants, puis rapprocha l’horrible gueule dégoulinante du xéno-morphe pour l’embrasser.
Ce dernier ne se le fit pas dire deux fois. Le monstre entrouvrit son énorme gueule, fit lentement glisser son infecte petite mâchoire préhensile hors de son œsophage et la projeta en avant.
CHAPITRE N°14
- Elle est magnifique, n’est-ce-pas…?! déclara la Professeur Foller.
- Tout dépend du point de vue…! remarqua la Gouverneure Américaine. Une femme d’âge mûre au visage refait et au corps sculptural.
- Et de l’endroit où on se trouve…! souligna Lew Danton.
Ils regardaient tous trois la Reine-xénomorphe avec une curiosité admirative. L'animal recula sa gueule de l’épais vitrage de diamantine. Un paquet de salive collante et blanchâtre glissa le long de la paroi transparente. La monstrueuse Reine fit un pas en arrière en les observant tour à tour d’un air menaçant, puis elle se détourna brusquement et se jeta sur le tas de viande qui pendait dans le fond de sa cage. Elle en arracha un énorme bout qu’elle aspira littéralement à l’aide de sa puissante mâchoire préhensile. La chair ensanglantée disparût au fond de sa gueule en quelques secondes. Le professeur reprit :
- J’ai choisi la plus vorace…! On ne peut pas dire qu’elle soit d’origine puisqu’elle est issue d’un a.d.n en partie humain, mais nous avons réussi à en extraire l’essentiel. Une souche-mère quasiment déshumanisé si je peux m’exprimer ainsi. L’instinct grégaire ne disparaitra pas, mais vous aurez une nouvelle famille…! Au sujet de Mlle Baron, il suffit d’une petite opération chirurgicale au niveau de certains gênes pour rendre son clone parfaitement compatible. C’est une opération que l’on peut effectuer au moment du clonage. Son clone passera ensuite sur le billard, devra supporter la gestation et à nouveau être opérée. Avec le risque de ne pas y survivre…!
Le ton se fit cynique sur la toute dernière phrase. Bien évidemment, les deux responsables civils comprirent le sous-entendu et tiquèrent légèrement.
- À quel date estimez-vous pouvoir commencer les premiers tests ? demanda la Gouverneure.
- D’ici quelques jours…! Il faut attendre la ponte. Ce qu’il y a de merveilleux chez ces êtres, ce sont précisément leurs œufs…!
Foller s’arrêta de parler, hésitant.
- Je ne vais pas vous faire perdre de temps avec ça…!
Foller s’arrêta de parler, hésitant.
- Je ne vais pas vous faire perdre de temps avec ça…!
La gouverneure l’encouragea à continuer :
- Mais si, mais si, allez-y…! Je vous écoute avec la plus grande attention !
- Je vais tâcher d’être bref…! Leurs œufs, donc, sont complètement stériles au moment de la ponte. Ce sont les mâles qui sont censés les fertiliser. Dans le cas contraire, au bout de quelques jours, les œufs produisent d’eux même un parasite capable de végéter plusieurs dizaines de millions d’années si les conditions sont favorables, en attendant le passage d’un quelconque être vivant pour l’infester. C’est un processus dû à leur évolution en milieu pollué, dans le but de survivre aux dégradations périodiques de leur atmosphère…! À partir de là, le cycle peut recommencer. Dès la nouvelle première génération... je parle de celle issue d’œufs fécondés par un xénomorphe mutant, lui même né d’un parasitage... ils commencent à retrouver leur apparence originale, récupérant au passage quelques mutations qui les font éventuellement évoluer…! Les xénomorphes issus de parasites perdent peu à peu leur caractéristiques originelles au fil des mutations dues à des accouplements exogènes... car cela est possible avec l'espèce parasitée... et c’est pourquoi ils ont tant besoin d’une Reine. Tout ça pour vous dire que nous extrairons les parasites d’ici peu pour les analyser et que nous procéderons ensuite aux premiers tests. Quelques jours suffiront pour obtenir des résultats probants, puis nous tenterons, ensuite, l’opération !
- Qui nous donnera une nouvelle souche-mère, si j’ai bien suivi…! conclût la Gouverneure.
- C’est exact…! répondit le professeur.
- Dites-moi, Foller…! Si vous pouvez extraire tous les gènes de Lady Ripley contenus dans l’A.D.N du xéno-morphe, vous pouvez, donc, aussi faire l’inverse, c’est-à-dire, extraire les gènes et plus particulièrement la mémoire du xéno-morphe de celle de nos clones…?! demanda Lew Danton.
Foller fut un peu surpris par la pertinence de la question et cligna une fois de l’œil avant de répondre :
- Impossible…! Enfin, pour l’instant, en l’état actuel de nos connaissances. Difficile d’éliminer la mémoire sans éliminer les caractéristiques. Ce n’est, d’ailleurs, pas nécessaire, à mon sens. Le cerveau des xéno-morphes est pratiquement vierge de mémoire et inapte au raisonnement; il reste, tout au plus, une mémoire instinctive, qui peut justement être bénéfique !
- Elle ne m’a pas l’air si débile que ça…! répondit le Ministre de la Défense en désignant la Reine-xéno-morphe.
- Vous pouvez, à la rigueur, lui apprendre quelques tours faciles, mais pas plus…! Si vous craignez que sa mémoire influence le comportement des clones, je peux tout de suite vous rassurer; il n’en sera rien !
- Tant mieux, tant mieux…! dit la Gouverneure. Mais revenons à nos moutons...! Nous avons besoin de vous, professeur, pour résoudre des problèmes plus politiques que scientifiques. Pour prendre la responsabilité d’une tâche, que je ne qualifierais pas d’illégale, mais que je définirais plutôt comme en avance sur son temps. Et d’ailleurs c’est de temps qu’il s’agit. Du manque de temps, pour ne pas dire du manque de volontaires. Les gens ont beaucoup plus de considération qu’auparavant pour leurs clones. Je ne dis pas que c’est un mal, mais il faut tout de même y remédier…! Le gouvernement vous propose de superviser notre projet de multi-clonage. Nous avons déjà sélectionnés une centaine de colons-mutants parmi les plus intègres et dévoués. Il faudra cependant provoquer des différences ou gommer des ressemblances pour éviter la confusion. Je pense que vous saurez faire cela...!
- De toute évidence…! Mais ce sera long et laborieux !
- Vous aurez un laboratoire des plus performants, rassurez vous…! Vous aurez aussi accès aux découvertes les plus récentes, à la seconde même où elles apparaissent, pour ainsi dire. J’espère que cela vous comblera, professeur !
- J’en suis certain…! Je vous remercie de votre confiance !
- Je suis ravie que vous acceptiez…! Vous serez honorablement dédommagé !
- Le plus important, pour l’instant, est de réussir le clonage de Mlle Baron en tant que souche-mère, et le plus tôt possible...! dit le ministre.
- C’est capital, en effet…! fit la Gouverneure.
- Vous aurez votre souche-mère avant un an, je vous le promets…! répondit Foller.
La Gouverneure se remit à observer la Reine xéno-morphe qui pointait sa gueule de l’autre côté du vitrage sécurisé. Des filets de bave ensanglantée s’étiraient lentement entre ses crocs acérés. Son immense et sombre collerette se déployait à l’arrière de ses lobes temporaux, tout autour de son crâne interminable. Le monstrueux animal semblait les dévisager de sa face sans yeux, noire et luisante.
- Je crois qu’elle aurait sa place dans un zoo…! Entre les reptiles et les insectes. Ou à côté des dinosaures. Je n’ai jamais vu un animal aussi impressionnant…! Imaginez que cette chose puisse penser comme nous. Que la mémoire de Lady Ripley en ressurgisse. Ne serait ce pas terrifiant...?!
- Impossible...! répondit Foller, précipitamment. Cela serait, certes, assez effrayant si c’était le cas, mais le cerveau des xéno-morphes n’a pas les capacités requises pour en faire quoique ce soit. Il n’en comprendrait pas la signification…! À l’inverse, par contre, que Lady Ripley soit sous l’influence du xéno-morphe serait plus inquiétant…!
La Reine xéno-morphe se rua sur eux au même instant et frappa la paroi de diamantine du bout de sa mâchoire préhensile. Ils eurent tous trois un léger mouvement de recul.
- Qu’est-ce que nous allons faire d’elle, après ça…? demanda la femme d’état en contemplant la Reine xéno-morphe.
L'animal se dandinait devant eux comme s'il hésitait entre l’un ou l’autre.
L'animal se dandinait devant eux comme s'il hésitait entre l’un ou l’autre.
- L’idée du zoo me parait excellente…! déclara Lew Danton. Les mentalités évoluent et d’ici un an, l’opinion aura bien changé !
- Oui, c’est possible…! Il est vrai qu’elle ferait une parfaite attraction...! dit la Gouverneure qui se tourna ensuite vers Foller.
- Vous me préviendrez, professeur, quand elle sera sur le point de pondre. Je veux absolument assister à cela !
- Vous me préviendrez, professeur, quand elle sera sur le point de pondre. Je veux absolument assister à cela !
Tous trois reculèrent de surprise lorsque la Reine xénomorphe lança sa machoire préhensile vers eux. L'appendice s'écrasa durement, avec un son sec, contre le vitrage blindé.
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Ardan tira plusieurs projectiles à la suite et éclata le crâne de la Reine avec un malin plaisir. La collerette vola en éclat avec le reste. Des gerbes de sang vert jaillirent et se dispersèrent dans toutes les directions. Le jeune garçon fit vivement reculer son joueur pour éviter de se faire dissoudre, puis regarda mourir le xéno-morphe. Il pouffa de rire en le voyant courir comme un canard sans tête et se cogner ou trébucher contre toutes sortes d’obstacles avant de s’écrouler raide mort. Il reprit son sérieux, jeta vite fait un coup d’œil vers la porte entrouverte de sa chambre et se remit à avancer dans le jeu.
Des centaines d’œufs phosphorescents et frémissants de vie s’étalaient en travers du nid. Un à un, les premiers parasites s’éjectèrent de leur coquilles translucides pour se jeter sur lui. Il les explosa en vol sans cesser d’avancer, puis se fut deux par deux et ensuite trois par trois que les bestiaux l’assaillirent. Il en évita plusieurs de justesse et se retourna dans tous les sens pour les éliminer. Il allait sortir la grosse artillerie quand sa mère déboula du couloir.
- Dis donc, Ardan, tu as fini de réviser ta physique…!? dit-elle en élevant la voix.
Le jeune garçon appuya immédiatement sur pose. L’image arrêtée des horribles parasites choqua sa mère, malgré l’habitude.
Le jeune garçon appuya immédiatement sur pose. L’image arrêtée des horribles parasites choqua sa mère, malgré l’habitude.
- Aaah…! Il est vraiment dégoûtant ce jeu. Je ne m’y ferai jamais...!
Ardan se marra silencieusement. Il avait grandi et entrait, maintenant, dans le monde de l’adolescence et de l’indépendance.
- Ouais, j’ai fini…! J’ai tout appris par cœur, j’y réfléchirai plus tard...!
- On verra ça, demain…! En attendant c’est l’heure de te coucher...!
- Encore cinq minutes, maman…! J’ai presque fini ! supplia le jeune garçon.
- Non, non, il n’en est pas question…! Range ton bureau et mets-toi au lit. Je reviens tout de suite...! Ardan souffla assez fort pour que sa mère l’entende à l’autre bout du couloir. Il regarda un instant les monstrueuses petites bêtes immobilisées en plein vol et qui semblaient vouloir finir leur course en lui sautant à la gorge, puis il mit l’écran holographique en veille avant de jeter la télécommande sur son lit. Vite fait, il débarrassa son bureau des livres et cahiers qu’il avait ouverts pour faire illusion, se mit en caleçon et alla se fourrer sous la couette. Il éteignit la lumière en appuyant sur le mur, au-dessus de sa tête, se pencha pour reprendre la télécommande et alluma le plafonnier. Depuis sa plus tendre enfance, il comptait les étoiles pour s’endormir.
La Voie-Lactée apparût dans toute sa splendeur. Tous les spectres lumineux s’enchevêtraient en un magnifique chaos de couleurs et dessinaient une vaste spirale illuminée comme un arbre de Noël sur le plafond de la chambre. C’était un tourbillon de feu et d’énergie aspiré en son centre par un "trou noir", un bouillonnant amas d’étoiles hyper lumineux qui s’effondrait sur lui-même. Les longs bras étoilés de la gigantesque spirale débordaient sur les murs tout autour de la pièce. La lueur de centaines de milliards d’étoiles éclairait comme en plein jour. Il cibla un amas très dense près du centre de la galaxie et fit un zoom avant avec la télécommande.
Il se retrouva instantanément à l’intérieur de la zone choisie. Tout s’assombrit autour de lui. Un bord aveuglant du trou noir central était visible dans un coin de l’hologramme. Il en occulta la source lumineuse, puis s’imagina voguant à la vitesse de la lumière au milieu des étoiles, à la limite de la sphère d’attraction du géant insatiable. Toujours à la recherche d’une nouvelle Terre. Traversant les nappes et les colonnes de gaz géantes sculptées par les champs magnétiques, par les courants cosmiques et par les ondes acoustiques qui s’harmonisaient entre elles à l’infini.
- Toujours dans l’espace…! lui dit sa mère en entrant dans la chambre. Ne veille pas trop tard et n’oublie pas d’éteindre avant de t’endormir...!
Elle se pencha pour l’embrasser.
- Bonne nuit mon chéri…! Fais de beaux cauchemars...!
Puis elle sortit en laissant la porte entrouverte.
Le voyage pouvait se poursuivre. L'adolescent s’enfonça un peu plus au coeur de l’amas d’étoiles et découvrit bientôt ce qu’il cherchait... un lointain système en banlieue du "trou noir" central. Son père passa la tête par l’entrebâillement de la porte.
Elle se pencha pour l’embrasser.
- Bonne nuit mon chéri…! Fais de beaux cauchemars...!
Puis elle sortit en laissant la porte entrouverte.
Le voyage pouvait se poursuivre. L'adolescent s’enfonça un peu plus au coeur de l’amas d’étoiles et découvrit bientôt ce qu’il cherchait... un lointain système en banlieue du "trou noir" central. Son père passa la tête par l’entrebâillement de la porte.
- Bonne nuit, fiston…!
- Bonne nuit, P’pa…!
- Tu vas où, comme ça…?
- Sur la planète des xéno-morphes…!
- C’est pas un peu loin…?
- Si, mais j’suis sûr qu’on peut y arriver…! Un jour j’irais là-bas...!
- Alors, bonne chance…! Et bonne chasse, surtout...!
Le père fit un clin d’œil à son fils, puis s’éclipsa en refermant derrière lui. Fixé sur le panneau de la porte, un poster-flex affichait son héroïne en pleine action. Lady Ripley faisait face à un puissant xéno-morphe et lui tenait la dragée haute.
Ardan l'admira un instant, puis se remit la tête dans les étoiles. Il survola la planète qu'il convoitait. Celle des xénomorphes...! Une fine atmosphère verdâtre en masquait la surface. On ne savait, finalement, que très peu de choses sur ce système et il pouvait tout y inventer. Il sombra peu à peu dans le sommeil... happé par de mystérieuses forces cosmiques.
CHAPITRE N°15
La masse sombre du géo-croiseur se détacha peu à peu de l’obscurité. D’infimes reflets apparurent sur la roche polie et firent apparaitre l’esquisse d’une silhouette imposante.
- Le voilà…! murmura le Commandant, responsable de la mission. Il vient d’entrer dans le champ de capture...!
L'officier parla en gardant les yeux rivés sur l’écran holographique. À son côté, Lew Danton, quelques cheveux blancs en plus, mit deux à trois secondes pour apercevoir le mastodonte sortant des ténèbres. La faible lueur provenant du système dont il s'approchait envoyait quelques pâles rayons sur une de ses faces. Claire Baron, assise auprès d’eux, était, elle aussi, attentive au déroulement des opérations. Quelques rides étaient apparues sur son visage, mais sans rien lui ôter de son charme, ni de sa beauté. La technologue pût apprécier la taille du céleste objet en le comparant aux "amarreurs". Les quatre engins avaient l’air de moustiques fonçant contre une montagne.
- Impressionnant…! Vous penser vraiment réussir à contrôler cette montagne...? dit le ministre en s'adressant à la technologue
- Vous connaissez l’adage : La Science fait des miracles et la Technologie les accomplit…! Nous le ferons dévier de sa trajectoire jusqu’à expulsion et ensuite il sera plus maniable. C’est plutôt en amont que se trouvent les difficultés. La pose des moteurs, la conception de l’enceinte de protection, de l’Auto-Lab... c’est là qu’est le véritable défi...! Si tout fonctionne, il ira aussi loin qu’il est possible d’aller...!
Le Commandant se permit de les interrompre.
- Mademoiselle…! Arrimage, dans trente secondes !
- Ah…! fit Lew Danton.
Les "amarreurs" s’approchaient assez rapidement du géo-croiseur par le côté. Le cargo-porteur qui venait de les éjecter se déplaçait à la parallèle et filmait la scène. Arrivés à une certaine distance, les rétro-pulseurs des quatre "amarreurs" se mirent en marche. Un geyser de gaz comprimé sortit de chaque réacteur et forma une longue colonne qui frappa la surface du géo-croiseur. Les "amarreurs" firent leur approche en douceur, positionnés pour former un carré. Des trombes de poussières microscopiques se soulevèrent en bourrasques sous le souffle des rétro-pulseurs. Les quatre engins atterrirent tous ensemble sans un heurt. Ils posèrent délicatement leurs pattes sur la roche dénudée, activèrent les ventouses électro-magnétiques, puis sortirent les dispositifs d’ancrage. Les puissantes vis sans fin atteignirent très vite la température requise, les moteurs se mirent en route et les firent tourner comme des toupies. Elles pénétrèrent la roche comme dans du beurre, quelques petites gerbes d’étincelles insignifiantes jaillirent au premier contact avant que la roche se mette à fondre sous l’intense chaleur des vis, puis celles-ci s’enfoncèrent à l’intérieur sur plusieurs mètres.
Le Commandant lut la confirmation d’ancrage sur son prompteur holographique.
- L’ancrage est confirmé…! Le filet d’amarrage va ensuite être fixé aux ancres. Ça va prendre quelques dizaines de minutes...!
Un remorqueur qui se dirigeait vers le géo-croiseur en direction de la première ancre apparût à l'écran.
- En fait, vous allez simplement dérouler un câble. Un peu comme les araignées...! s’enthousiasma Lew Danton.
- Soyez patient, Lew. Vous n’avez pas besoin d’explications, c’est en train de se dérouler sous vos yeux ! répondit la technologue.
- Oui, oui…! Excusez-moi !
- Si je puis me permettre…!? intervint le Commandant.
Claire Baron encouragea le jeune commandant d’un sourire.
- C’est très simple, en effet…! Le remorqueur doit accrocher son câble à une des ancres et tirer un premier rectangle. Il se déplace ensuite de long en large pour fixer la trame complète, câble par câble. Il est vrai que ça ressemble au tissage d’une toile d’araignée. D’ailleurs, dans notre jargon, nous appelons ça "tisser une toile" ! Bref, nous allons, ici, obtenir une surface d’environ un kilomètre carré. De quoi amarrer les vaisseaux, les machines et les matériaux nécessaires. Le carburant sera embarqué un peu plus tard, le temps de faire un peu de place…! Bien que… je pense qu’il l’est à ce jour…!
- C’est énervant ce décalage…! Si ça se trouve, cela fait six mois que l’on espère pour rien !
- Qu’est-ce qui vous arrive Lew, de douter de la réussite de ce projet. Nous n’en sommes qu’au début et aucune difficulté n’est en vue, alors restez optimiste. Je suis absolument certaine que tout s’est bien passé et nous allons en avoir confirmation. Les probabilités nous laissent une chance sur deux de réussir. Si nous en envoyons un second, voire un troisième, c’est pratiquement cent pour cent de taux de réussite. Vous aimeriez, peut-être, faire partie du voyage pour vous en assurer…!? ».
- Oh, non…! répondit le Ministre.
Le Commandant se tourna vers eux :
- L’araignée va tisser sa toile…! plaisanta-t-il.
Le Ministre et la technologue se concentrèrent à nouveau sur l’écran holographique de la salle de contrôle.
- Voyons voir ça…! dit Lew Danton.
Le remorqueur scintillait dans un coin de l’écran holographique comme une luciole dans la nuit. Il se dirigeait vers le signal lumineux de la première ancre, un petit clignotement laser très rapide qui lui servait de cible. Les rétro-pulseurs se déclenchèrent et immobilisèrent le véhicule spatial à seulement quelques mètres du point d’attache.
Tout de suite après, le câble d’amarrage, régurgité par le remorqueur, se mit à descendre lentement. Son extrémité aimantée s’imbriqua parfaitement dans le cône de réception, puis fut immédiatement entrainé à l’intérieur du corps cylindrique de l’ancre.
La confirmation de l’amarrage s’afficha aussitôt sur le prompteur holographique du Commandant.
- Et voilà, le tour est joué…! lança ce dernier.
Le remorqueur se remit, alors, en mouvement. Il descendit encore de quelques mètres, puis déroula son câble. L’analogie avec l’araignée était évidente.
Fin du huitième épisode
Neuvième épisode : http://lesmainssansmaitre.blogspot.fr/2015/10/eternity-alien-5-neuvieme-episode.html
