Alien 5 Eternity (septième épisode)
CHAPITRE N°11
Debout dans l’obscurité, légèrement appuyé contre la balustrade qui cernait la terrasse de sa villa des bords de mer, Foller scrutait la nuit sans lune à travers ses jumelles. L’océan noir, étrangement figé, se mêlait à la Voie-Lactée. Une étouffante chaleur, plus pesante que jamais, paralysait toute chose.
Le professeur essuya les deux œillères dégoulinantes de sueur avec le mouchoir qu’il tenait en main, se tamponna le contour des yeux, puis observa le ciel à l’œil nu durant quelques secondes. Une météorite s’enflamma dans la haute atmosphère, perçant la voûte étoilée avant de disparaitre derrière l’horizon invisible. Un scintillement attira soudain son attention. Il pointa immédiatement les jumelles dessus, le chercha un instant, puis repéra enfin la petite lueur, la voyant lentement avancer entre les astres immobiles. C’était bien une navette. Il attendit encore un peu pour s’assurer de la direction que celle-ci prenait et fut, bientôt, certain qu’elle venait droit sur lui. C’était Nico, sans aucun doute. Celui-ci avait donc accepté de venir.
Il l’avait tout de même joué serré cette partie, lors de sa tentative de débauchage. Bien que parfaitement convaincu du refus que lui opposerait le jeune homme, il avait tout de même pris un risque car ce dernier aurait très bien pu accepter de quitter Lady Ripley. Mais, heureusement, tout s’était passé comme prévu et Nico avait, désormais, en plus de son éternelle gratitude, obtenu la confiance de la "Mutante". Il était devenu comme un fils pour elle.
Il fallait, maintenant, passer à l’étape suivante. Foller se dépêcha de retourner dans le salon. La climatisation le soulagea aussitôt. Il se dirigea vers le bar, alluma l’ordinateur de contrôle mural et brancha la signalisation lumineuse du tarmac d’atterrissage situé à l’arrière de la villa. Son portable se mit à sonner. Il se connecta en un éclair.
- Salut ma beauté…! se surprit-il à dire.
Il écouta la réponse, puis reprit :
- Je guettais ton arrivée…! Je sors le champagne, à tout de suite !
Il écouta la réponse, puis reprit :
- Je guettais ton arrivée…! Je sors le champagne, à tout de suite !
_
La Voie-Lactée se reflétait parfaitement sur la surface noire et lisse de l’océan inerte qui défilait sous ses pieds. De nombreuses lumières éparpillées le long de la côte brillaient dans la nuit. Nico ne découvrit la villa de Foller qu’une fois arrivé au-dessus. La batisse était enchâssée au milieu des collines, au bord d’une crique isolée et à l’orée d’une sombre forêt impénétrable.
Les bornes clignotantes illuminaient le tarmac par intermittence. Il aperçut Foller qui l’attendait, en bas. La haute silhouette du professeur se dressait dans l’encadrement d’une porte. Nico sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine et le rouge lui monta aux joues quand Foller accourût pour l’aider à descendre de la navette. Le jeune homme lui tomba dans les bras en mettant pied à terre.
Le professeur sentit son angoisse s’évanouir dans la seconde en voyant Nico lui apparaitre dans toute sa splendeur. Moulé dans une robe du soir et chaussé de hauts talons, coiffé d’une ondulante perruque blonde et sobrement maquillé d’une touche de mascara, celui-ci rayonnait de féminité. Foller perdit soudainement tout courage, toute volonté d’aller plus loin dans son projet criminel, implacablement attiré par le charme et la sensualité de son ex-assistant. Son petit sourire forcé s’élargit et son regard se mit à pétiller de désir. Cet éclair de sincérité suffit à rassurer Nico.
- Tu es magnifique…! dit le professeur en s’éloignant d’un pas pour l’admirer.
Ce dernier fit une petite pirouette sur lui-même, exhibant ses formes avec un plaisir innocent.
- C’est de la haute couture…! Ça te plait ?
- Bien sûr. Elle te va à ravir…! Viens, rentrons nous mettre au frais ! répondit Foller en saisissant Nico par la main.
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Nico était accoudé au bar et mangeait le professeur de ses grands yeux verts. Foller laissa partir le bouchon de champagne. Pop…! Il fit couler la mousse dans le seau à glace, prit deux coupes sur le bar et les remplît à ras bord. Il voulait faire vite. Il savait que Nico se laisserait aller à boire plus que de raison et qu’en moins d’une heure la bouteille serait torchée. Les somnifères dormaient au fond de sa poche de pantalon. Tout était prêt. Il n’avait plus qu’à agir.
Ils trinquèrent en silence et avalèrent leur première coupe, cul-sec. Foller se pressa de leur verser une nouvelle mesure de champagne, puis s’exclama soudain :
- Je veux te donner quelque chose…! Quelque chose d’important !
Il se dirigea vers le grand canapé du salon. Une petite enveloppe était posée, bien en évidence, sur la table basse, près du socle d’un diffuseur.
Il se dirigea vers le grand canapé du salon. Une petite enveloppe était posée, bien en évidence, sur la table basse, près du socle d’un diffuseur.
- C’est pour toi...! dit-il en l’invitant à s’asseoir.
Nico alla s’installer sur le canapé pour ouvrir son cadeau. Foller répondit d’un sourire au regard intrigué du jeune homme, puis termina sa coupe d’une seule traite.
Nico fut un peu surpris par le contenu du sachet. Il connecta aussitôt la clef usb dans le lecteur du diffuseur et prit la pose pour visionner l’enregistrement, un coude élégamment posé sur ses jambes croisées. Les signes, les formules, les équations et les séquences, indéchiffrables par le commun des mortels, lui apparurent d’une évidente simplicité. Complètement captivé, il fit à peine attention au professeur quand celui-ci retourna au bar. Confiant, il continua à étudier les données qui défilaient devant lui, ne se doutant de rien.
Foller se versa du champagne et profita de l’inattention du jeune homme pour faire tomber les cachets de somnifères dans le fond de la bouteille, puis il retourna au salon, emportant avec lui sa coupe encore pleine et le reste de champagne dans le seau à glace. Il posa le tout sur la table basse et s’assît face à Nico.
Le jeune homme leva le nez, hésita à parler, puis se remit à étudier les documents et les comptes rendus des expériences de Foller pour ne rien en perdre. Le professeur se félicitait intérieurement d’un tel engouement pour sa découverte et sourit malicieusement en sirotant son champagne du bout des lèvres.
Nico finit par mettre le diffuseur sur pose. Il releva la tête et resta pensif un court instant avant de parler.
- Je ne peux vraiment pas accepter un tel cadeau. J’aurais bien été incapable de découvrir quoique ce soit d’aussi merveilleux. Ce serait malhonnête. Je préfère que les lauriers de la gloire reviennent à celui qui les mérite réellement…! C’est incroyable, comme ça semble facile à exécuter. Un banal bain et, hop, votre a.d.n devient compatible. C’est vraiment fantastique…!
- Je me doutais que tu refuserais, mais je n’ai pas pu résister. Je voulais vraiment te faire plaisir...!
- Eh bien, pour cela, un cadeau, si merveilleux soit-il, n’est pas suffisant. Il me faut des actes !
Foller se mit à rire et répondit du tac au tac :
- J’espère pouvoir me rattraper…!
Nico lui sourit d’un air charmant et sans équivoque. Le professeur essaya de cacher le désir qui montait en lui et avala une gorgée de champagne. Il avait la très nette impression de tomber amoureux de la femme parfaite qu’incarnait si bien son ex-assistant. De toute sa vie, il n’avait jamais été confronté à ce genre de dilemme. Il s’en était bien gardé, d’ailleurs... d’un point de vue strictement moral... ne pouvant échapper à la honte qu’il en ressentait. Il décida de laisser faire les choses et de voir où elles le mèneraient, sans rien changer à son plan.
Il prit la coupe que le jeune homme lui tendait et se jeta au fond du canapé. Nico se tourna vers lui. Leur regard se croisèrent et chacun put y découvrir le désir que l'un avait pour l'autre. Le rouge leur monta aux joues. Indécis, ni l'un ni l'autre n'osant faire le premier pas, ils se contentèrent de boire leur coupe, les yeux dans les yeux.
Foller, gêné par l'insistance non feinte de son ex-assistant, trouva un prétexte pour retarder l'échéance. Il reposa sa coupe encore pleine sur la table basse et s'exclama :
- Et si on mettait de la musique...?
- Quelque chose de romantique, alors...! répondit Nico.
Foller se leva d'un bond et se précipita vers le bar. Le jeune homme le suivit du regard, heureux de voir que tout se passait merveilleusement bien. Il resta rêveur quelques instants, sensible à l'imposante stature du professeur, à sa silhouette d'homme mûr et entretenu.
Foller, gêné par l'insistance non feinte de son ex-assistant, trouva un prétexte pour retarder l'échéance. Il reposa sa coupe encore pleine sur la table basse et s'exclama :
- Et si on mettait de la musique...?
- Quelque chose de romantique, alors...! répondit Nico.
Foller se leva d'un bond et se précipita vers le bar. Le jeune homme le suivit du regard, heureux de voir que tout se passait merveilleusement bien. Il resta rêveur quelques instants, sensible à l'imposante stature du professeur, à sa silhouette d'homme mûr et entretenu.
Foller avait besoin d'un peu d'eau fraiche pour se remettre les idées en place. Tout en s'aspergeant la figure à l'évier du bar, il se demandait s'il allait pouvoir aller au bout de sa démarche criminelle. Allait-il manquer de volonté...? Se laisser happer par le charme de son ex-assistant...? Goûter au plaisir interdit de la chair...? Pourquoi pas, après tout... si nul autre que lui n'en était le témoin...! Il s'essuya rapidement le visage, se saisit de la télécommande posé sur le bar et programma une play-list. Les notes légères d'un piano mélancolique sortirent de nulle part.
Le professeur retourna s'asseoir auprès de son ex-assistant. Le jeune homme finissait sa coupe de champagne; la tête rejetée en arrière, il en fit couler la dernière goutte au fond de sa gorge. Foller ne put s’empêcher d’admirer ce cou gracile, à la pomme d’Adam si discrète, quasi inexistante, son menton bien rond et ses appétissantes lèvres rouges en train de suçoter le cristal. Un véritable appel au "meurtre"...!
- Alors, que pense-tu de ma découverte...? demanda-t-il à Nico
- Je bois à ton génie, Edward...! Et à ta grande grande bonté. Même si je ne peux accepter un cadeau que je ne mérite pas, j’apprécie le geste et je le prends comme un gage de ton amitié, ou peut-être de... ton amour…!
- Alors, que pense-tu de ma découverte...? demanda-t-il à Nico
- Je bois à ton génie, Edward...! Et à ta grande grande bonté. Même si je ne peux accepter un cadeau que je ne mérite pas, j’apprécie le geste et je le prends comme un gage de ton amitié, ou peut-être de... ton amour…!
Foller soutint le regard appuyé de son ex-assistant en souriant de manière surfaite. Nico ne remarqua rien et continua sur sa lancée :
- Alors, à la Science… et à l’Amour…!
- Alors, à la Science… et à l’Amour…!
Le professeur leva sa coupe pour trinquer et murmura :
- À nous deux…!
Nico sentit sa gorge se serrer et son cœur bondir. Il était sûr de passer à la casserole le soir même, comme on dit vulgairement, et il en rougit fortement malgré son teint hâlé. L’occasion ne pouvait plus tarder à arriver. Peut-être, là, maintenant, sur le canapé. Il bût une longue gorgée de champagne sans rien tenter d’autre que cet intense regard amoureux censé transpercer les cœurs les plus endurcis et enflammer les âmes les plus frileuses. Il attendit durant de longues minutes et dans un silence presque gênant que ce dernier se décide à lui sauter dessus. En vain. Il allait devoir user de tous ses charmes pour faire réagir son timide courtisan.
Il préférait pourtant que celui-ci fasse le premier pas; redoutant un rejet pur et simple si jamais il brusquait les choses. Il savait aussi que la jouissance serait bien plus intense s’ils retenaient ses pulsions plus longtemps. La retenue faisait partie du plaisir.
Nico posa sa coupe vide sur la table basse et demanda sur un ton suggestif:
- Si j'accepte ton présent, qu’attends-tu en échange ?
Foller, un peu surpris, répondit :
- Tellement de choses…! Tout et rien, à la fois. Mais ne crois pas que j’avais l’intention d’exiger quoique ce soit. D’ailleurs, j’étais sûr que tu refuserais. Je voulais juste que tu saches à quel point tu comptes pour moi ! Cette découverte on aurait dû la faire ensemble, alors elle t’appartient un peu, aussi. Et pour être totalement franc…
Foller laissa sa phrase en suspend, le temps de reposer sa coupe de champagne, puis il reprit.
- J’avais dans l’idée de continuer mes recherches avec toi et d’en faire notre petit secret…! Je sais que c’est interdit et que ça peut te paraitre malhonnête, mais la transmission du savoir de professeur à élève est une affaire personnelle, et à cette occasion, j’estime que l’on peut faire une entorse au règlement…! Peut-être, accepterais-tu que l’on tente, ensemble, une expérience qui confirmerait ma découverte…? Nico haussa les sourcils et sourît d’un air incrédule :
Foller laissa sa phrase en suspend, le temps de reposer sa coupe de champagne, puis il reprit.
- J’avais dans l’idée de continuer mes recherches avec toi et d’en faire notre petit secret…! Je sais que c’est interdit et que ça peut te paraitre malhonnête, mais la transmission du savoir de professeur à élève est une affaire personnelle, et à cette occasion, j’estime que l’on peut faire une entorse au règlement…! Peut-être, accepterais-tu que l’on tente, ensemble, une expérience qui confirmerait ma découverte…? Nico haussa les sourcils et sourît d’un air incrédule :
- Tu es sérieux…? Tu veux que je t’assiste clandestinement...?
- Dans le plus grand secret...! Ici, même...!
- Ici...? Dans ta villa...?
- Exactement...! Dans un laboratoire...!
- Mais tu auras besoin de...
Nico s'arrêta de parler, soudainement envahi d'un doute. Foller essayait-il de se servir de lui...? Il voulait en avoir le coeur net...!
- Ne me demande pas de te procurer l'a-d-n de Lady Ripley...!
Foller éclata de rire.
- Bien sûr que non, mon petit...! J'ai eu tout loisir de m'en procurer...! Tu n'auras pas à trahir cette très chère Lady Ripley...! J'espère même que tu lui feras cadeau des connaissances que tu vas acquérir si tu acceptes de travailler avec moi...!
Rassuré, Nico resta néanmoins dans l'expectative. Foller n'étant pas "intéressé", il lui accordait encore toute sa confiance. Mais pouvait-il honnêtement accepter de s'attribuer illégitimement de telles connaissances...? Qu'avait-il fait pour les mériter...? Rien... à part, peut-être, avoir séduit un homme...! Car c'est ce qu'il voulait avant tout... une relation amoureuse...! Durable et fusionnelle...! Celle-ci ne risquait-elle pas de finir avant même d'avoir commencée s'il refusait la proposition de Foller...? Ou allait-il vivre un grand amour en l'acceptant...? Il décida de prendre les devants pour en avoir le coeur net...!
- J'accepte... en échange d'un baiser…!
- Dans le plus grand secret...! Ici, même...!
- Ici...? Dans ta villa...?
- Exactement...! Dans un laboratoire...!
- Mais tu auras besoin de...
Nico s'arrêta de parler, soudainement envahi d'un doute. Foller essayait-il de se servir de lui...? Il voulait en avoir le coeur net...!
- Ne me demande pas de te procurer l'a-d-n de Lady Ripley...!
Foller éclata de rire.
- Bien sûr que non, mon petit...! J'ai eu tout loisir de m'en procurer...! Tu n'auras pas à trahir cette très chère Lady Ripley...! J'espère même que tu lui feras cadeau des connaissances que tu vas acquérir si tu acceptes de travailler avec moi...!
Rassuré, Nico resta néanmoins dans l'expectative. Foller n'étant pas "intéressé", il lui accordait encore toute sa confiance. Mais pouvait-il honnêtement accepter de s'attribuer illégitimement de telles connaissances...? Qu'avait-il fait pour les mériter...? Rien... à part, peut-être, avoir séduit un homme...! Car c'est ce qu'il voulait avant tout... une relation amoureuse...! Durable et fusionnelle...! Celle-ci ne risquait-elle pas de finir avant même d'avoir commencée s'il refusait la proposition de Foller...? Ou allait-il vivre un grand amour en l'acceptant...? Il décida de prendre les devants pour en avoir le coeur net...!
- J'accepte... en échange d'un baiser…!
- Un seul…? s’exclama Foller en riant.
Le jeune homme trouva, là, une occasion rêvée pour se faire plus persuasif.
Le jeune homme trouva, là, une occasion rêvée pour se faire plus persuasif.
- D’accord pour des milliers…! Mais pour l’instant, un seul suffira ! dit-il en se jetant au cou du professeur.
Leurs bouches s’écrasèrent l’une contre l’autre. Leurs haleines brûlantes se mêlèrent, leurs dents s’entrechoquèrent. Foller se laissa enlacer et repousser au fond du canapé, happé par le désir. Il finit par mordre délicieusement dans la chair pulpeuse de son partenaire, respirant son parfum enivrant à plein poumons. Nico se colla à lui. Le soyeux de sa robe glissant sur sa peau frissonnante et lentement mise à nue par les caresses du professeur, décupla son plaisir. Foller dénuda Nico jusqu’au bas du dos, puis il colla ses mains moites sur les fesses nues qui s’offrait à lui. Elles étaient douces, chaudes, fermes et rebondies. La courbe des reins, la cuisse si tendre, la taille si fine, tout, chez Nico lui rappelait ses premiers émois de jeunesse. Le jeune homme avait un corps d’adolescente pré-pubère, souple et fragile, qui l’excitait au plus haut point. Il lui attrapa la cuisse et l’empoigna fermement, pour tenter de l’attirer sur lui.
Submergé par le désir, Nico ne se le fit pas dire deux fois. Il n’y avait, pour lui, plus grand délice que de sentir les mains d’un homme se poser sur lui. De sentir des doigts de feu courir sur sa peau duveteuse, puis une poigne vigoureuse pétrir sa chair enflammée. Il s’agrippa au torse de son amant et essaya maladroitement de se mettre à califourchon sur lui. Ses deux genoux s’enfoncèrent dans les coussins du canapé et il finit assis sur le bas-ventre de Foller, pesant de tout son poids sur les parties sensibles du malchanceux. Ce dernier rua dans les brancards.
- Waou…! Aie, aie ! hurla-t-il, en redressant le buste brusquement.
Le professeur prit Nico par la taille et le souleva comme il pût, puis éclata de rire, amusé par l’air affolé de son ex-assistant et le ridicule de la situation. Le jeune homme quitta aussitôt son inconfortable position en se jetant sur le côté, puis se mit, lui aussi, à rire aux éclats, rouge de honte. Foller se laissa tomber en arrière, une main couvrant son sexe en érection. Ils rirent à s’en étouffer, étendus côte à côte dans le canapé.
Le professeur prit Nico par la taille et le souleva comme il pût, puis éclata de rire, amusé par l’air affolé de son ex-assistant et le ridicule de la situation. Le jeune homme quitta aussitôt son inconfortable position en se jetant sur le côté, puis se mit, lui aussi, à rire aux éclats, rouge de honte. Foller se laissa tomber en arrière, une main couvrant son sexe en érection. Ils rirent à s’en étouffer, étendus côte à côte dans le canapé.
Une fois calmés, les deux amants se rassirent au bord du canapé pour s'arranger. Nico se repoudra légèrement et retira le rouge à lèvres étalé sur sa joue. Foller trouva le moment propice pour convaincre son ex-assistant d’aller plus loin.
- Maintenant que nous avons scellé notre union, je veux te montrer mon petit laboratoire secret...!
- Sceller une union exige une bague de fiançailles...! répondit Nico
- Tu l'auras...! Allez, encore une coupe et je te fais visiter ! dit Foller en saisissant la bouteille de champagne.
- Tu l'auras...! Allez, encore une coupe et je te fais visiter ! dit Foller en saisissant la bouteille de champagne.
Le professeur emplit la coupe de Nico à ras-bord si bien que la mousse effervescente déborda et s'écoula en pétillant sur la table basse. Il se contenta de rajouter du champagne dans sa coupe encore pleine. Son ex-assistant avait bu la quasi totalité de la bouteille à lui tout seul et les somnifères n'allaient pas tarder à faire leur effet. Foller craignait que l'intensité et l'apparition un peu trop hâtive de l'ivresse ressentie par Nico ne mette la puce à l'oreille à ce dernier et ne le pousse à fuir. Il ne disposait donc que de quelques minutes pour attirer Nico dans le piège qu'il lui avait tendu.
Le jeune homme leva sa coupe.
- À notre union…!
Il ne croyait pas si bien dire. Foller ajouta aussitôt :
- Qu’elle soit éternelle…!
Nico était loin d’imaginer quel terrible sous-entendu se cachait derrière cette sentence. Le cristal résonna joliment, puis ils burent leur champagne d’un trait. Ils avaient à peine fini que, déjà, Foller se levait, saisissant la main de son ex-assistant pour l’aider à se mettre debout. Le jeune homme chancela sur ses hauts talons.
- Oups…! La tête me tourne !
Nico crût que le sang lui avait monté au cerveau. L’éblouissement dura deux secondes, puis il retrouva son équilibre.
- Je crois que ça va te faire du bien de bouger un peu...! Allez, viens...! dit Foller en prenant le jeune homme par la main.
Nico le retint.
Nico le retint.
- Attends…!
Le jeune homme se pencha au dessus de la table basse pour attraper le magnum de champagne. Il reposa sa coupe vide et dit :
- On le boira à la bouteille…!
Le jeune homme se pencha au dessus de la table basse pour attraper le magnum de champagne. Il reposa sa coupe vide et dit :
- On le boira à la bouteille…!
Ils sortirent du salon, puis se dirigèrent, main dans la main, vers l’accès au sous-sol.
- Le code est facile à retenir ! dit Foller en tapant "kavavin" sur le clavier mural. La porte coulissa et il entraina Nico avec lui dans l’escalier en colimaçon.
- Houla, la…! Tu veux me tuer…!? s’exclama celui-ci en étreignant la main du professeur avec fermeté.
- Ne t’inquiète pas, je te tiens...! le rassura ce dernier.
- Ne me lâche pas…! implora le jeune homme en posant la pointe effilée de son talon sur la première marche.
Il trébucha durant toute la descente en se retenant à Foller et en profitant des multiples occasions qu'il provoquait pour lui soutirer un baiser et quelques caresses qui faillirent leur faire perdre l’équilibre. Ils arrivèrent, après maints arrêts, au bas de l’escalier.
Nico jeta un coup d’œil autour de lui. De hauts casiers à vin envahissaient la cave de long en large et sur tout le pourtour du vaste sous-sol.
- Il y en a pour des siècles…! s’extasia-t-il.
- À nous deux, on devrait pouvoir y arriver…!
Nico sourit. Pour lui, la réponse du professeur suggérait une longue union. Il chercha l'entrée du laboratoire secret du regard.
- Laisse-moi deviner…! Là, derrière ce meuble…!?
- Laisse-moi deviner…! Là, derrière ce meuble…!?
- Tout juste…! répondit Foller.
Le professeur alla ouvrir les panneaux vitrée de l'armoire qui dissimulait l'accès au laboratoire secret, prit une télécommande dans un carton posé sur une des étagères et tapota un code. Un petit bruit de moteur se fit entendre. Le meuble glissa sur le côté en grinçant un peu, laissant apparaitre la porte blindée du labo.
- Et voilà…!
Le professeur s’avança d’un pas pour atteindre le clavier de commande, fit le code, puis posa le bout de son index sur la languette de détection. Nico eut un étrange pressentiment.
- J’ai peur d’aller plus loin…! dit-il en retenant le bras de Foller.
Le professeur se retourna brusquement, un grand sourire aux lèvres. Il enlaça Nico par la taille, regarda le jeune homme droit dans les yeux et lui parla sur un ton rassurant.
Le professeur se retourna brusquement, un grand sourire aux lèvres. Il enlaça Nico par la taille, regarda le jeune homme droit dans les yeux et lui parla sur un ton rassurant.
- Peur de quoi…? De trahir Lady Ripley…!? Si tu préfères abandonner, je le comprendrai. Cela ne changera rien à mes sentiments...!
Nico reprit confiance, rasséréné par les paroles lénifiantes du professeur et le contact très charnel de leurs deux corps collés l’un à l’autre. Il ne résista pas au désir qui montait en lui. Il se souleva sur la pointe des pieds et embrassa Foller passionnément. Il sentit tout de suite le sexe de son amant durcir contre son bas-ventre, tandis que le sien, engoncé dans sa coquille, devenait de plus en plus douloureux. Il se serait volontiers allongé, là, à l’instant, sur le sol froid et poussiéreux, pour se donner à lui. Mais l’endroit ne s’y prêtait vraiment pas et il pensa trouver un peu plus de confort à l’intérieur du labo.
Ils se séparèrent. Foller, gêné, presque honteux, se retourna pour cacher son érection. Il se posta face à la porte, puis déclencha la sortie du détecteur d’a.d.n. Le professeur y posa le bout de son index. Derrière lui, Nico, prenant la bouteille de champagne à deux mains, mit le goulot à sa bouche et renversa la tête en arrière. Il en bût une longue gorgée, rafraichissante et pétillante.
La lourde porte blindée pivota en se rabattant contre la cloison intérieure. Le laboratoire était plongé dans la plus totale obscurité. Même la lumière du sous-sol semblait, à peine, y pénétrer. Le professeur entra et disparut, avalé par les ténèbres. Une indéfinissable appréhension s’empara subitement de Nico, qui recula d’un pas en trébuchant. Un puissant éclairage jaillit au même instant, noyant l’encadrement de la porte d’une lueur éblouissante qui lui brouilla la vue. Puis la solide silhouette de Foller traversa l’écran de lumière pour revenir le chercher. Le jeune homme lui tomba dans les bras et se laissa emporter.
- Oh, c’est bizarre…! On dirait une grotte...! C’est plus agréable que je ne le pensais…! s’exclama Nico.
Le sol carrelé et la paroi rocheuse étaient parfaitement blancs. Le mobilier était clair. Un lit de camp aux draps défaits était calé dans un recoin de la pièce. Diverses machines encombraient un long plan de travail sur tout un côté du labo. Quelques unes qui dataient de l’antiquité s’empilaient au fond de la pièce sur les étagères d’une armoire métallique.
- Il ne reste plus qu'à mettre tout cela en place...! dit Foller.
L'air embarrassé, Nico cherchait un endroit pour poser la bouteille de champagne. Foller s’en saisit et la posa sur le rebord du plan de travail. Il attira ensuite son ex-assistant contre lui, planta fébrilement ses doigts dans la chair tendre qui s’abandonnait et l'embrassa à pleine bouche.
- Il ne reste plus qu'à mettre tout cela en place...! dit Foller.
L'air embarrassé, Nico cherchait un endroit pour poser la bouteille de champagne. Foller s’en saisit et la posa sur le rebord du plan de travail. Il attira ensuite son ex-assistant contre lui, planta fébrilement ses doigts dans la chair tendre qui s’abandonnait et l'embrassa à pleine bouche.
Nico, ivre d’alcool et de désir, étourdi par les somnifères, crut s'évanouir de plaisir. Il but littéralement la salive de son amant. Son sexe écrasé par la coquille qui dissimulait sa vraie nature le faisait horriblement souffrir et la douleur se mêlait à l'intense sensation qu'il ressentait. Il n'attendait plus qu'une chose... que Foller l'en libère. Il serra fiévreusement la main qui le caressait et la guida vers le feu qui bouillonnait en lui.
Le professeur le laissa faire. Sa main suivit la courbure de la hanche douce et chaude qui s'offrait à lui, puis la rondeur de ce bas-ventre qui battait comme un coeur, mais elle n'alla pas plus loin. Elle s'opposa soudain à la volonté du jeune homme, dévia et s'attarda sur les bourrelets de chair à la fois tendre et ferme de cette cuisse qui se levait, de cette fesse qui se tendait.
La déception que Nico ressentit n'entama pas sa ferveur. Il se donna corps et âme, convaincu d'arriver à ses fins dans la minute qui suivait. Il ne pouvait malheureusement pas voir les étranges coups d’œil que Foller lançait vers le fond du labo tandis qu'il l'embrassaient. Il aurait pu y découvrir toute la perverse hypocrisie que son amant lui cachait depuis le début. Car Foller, plus avide de sexe que jamais, épris d’un amour irrépressible pour les dehors féminins de son ex-assistant, en ressentait une honte insurmontable. Il n'osait se l’avouer à lui-même et d'autant moins à son second lui-même. Seul avec Nico, il aurait très certainement continué sur sa lancée et lui aurait fait l’amour aussi intensément qu’il le désirait, mais ils n’étaient pas seul. Le regard froid et lucide qu’il sentait pesé sur lui l’empêcha d’aller plus loin. Alors, sans cesser de l'embrasser, Foller remonta lentement ses mains vers le cou gracile du jeune homme et se mit à serrer de toutes ses forces.
Le professeur le laissa faire. Sa main suivit la courbure de la hanche douce et chaude qui s'offrait à lui, puis la rondeur de ce bas-ventre qui battait comme un coeur, mais elle n'alla pas plus loin. Elle s'opposa soudain à la volonté du jeune homme, dévia et s'attarda sur les bourrelets de chair à la fois tendre et ferme de cette cuisse qui se levait, de cette fesse qui se tendait.
La déception que Nico ressentit n'entama pas sa ferveur. Il se donna corps et âme, convaincu d'arriver à ses fins dans la minute qui suivait. Il ne pouvait malheureusement pas voir les étranges coups d’œil que Foller lançait vers le fond du labo tandis qu'il l'embrassaient. Il aurait pu y découvrir toute la perverse hypocrisie que son amant lui cachait depuis le début. Car Foller, plus avide de sexe que jamais, épris d’un amour irrépressible pour les dehors féminins de son ex-assistant, en ressentait une honte insurmontable. Il n'osait se l’avouer à lui-même et d'autant moins à son second lui-même. Seul avec Nico, il aurait très certainement continué sur sa lancée et lui aurait fait l’amour aussi intensément qu’il le désirait, mais ils n’étaient pas seul. Le regard froid et lucide qu’il sentait pesé sur lui l’empêcha d’aller plus loin. Alors, sans cesser de l'embrasser, Foller remonta lentement ses mains vers le cou gracile du jeune homme et se mit à serrer de toutes ses forces.
Nico émit un petit cri rauque qui resta en partie coincé au fond de sa gorge. Ses grands yeux verts, écarquillés, s’emplirent d’une soudaine détresse. La peur et l’incompréhension se figea sur son visage écarlate et le paralysa un court instant. Puis enfin, la douleur le fit réagir. Il chercha à respirer… en vain.
Pris de panique, le jeune homme attrapa instinctivement les mains qui l’étouffaient et tira dessus de toutes ses forces. Son tortionnaire serra plus fort. La silhouette du professeur lui apparût complètement floue. Des lumières piquantes lui brûlaient la rétine et scintillaient au travers de ses larmes. Il entendit ses vertèbres craquer et sentit une douleur aigüe lui vriller le crâne. Ses poumons étaient en train d’exploser. Le cri muet qu’il poussa faillit le faire vomir. Il frappa, griffa, planta ses ongles dans les avant-bras du professeur, puis, mû par la peur et l’instinct de survie, se débattit de tous ses membres. Ses pensées brouillées l’empêchaient de bien réagir, mais au bout du compte, il réussit à frapper Foller au tibia, avec ses hauts-talons, lui arrachant un cri de douleur. Le professeur crût pouvoir surmonter son mal et continua à serrer comme un fou, essayant d’éviter le furieux martèlement qui s’abattait sur lui.
Dans un sursaut de lucidité, Nico lança une de ses jambes en avant. Son genou s’enfonça violemment dans le bas-ventre de Foller, lui écrasant la vessie et les parties génitales. Le professeur en eut le souffle coupé, la douleur insupportable lui fit lâcher prise et il recula en grimaçant méchamment.
Nico aspira l’air bruyamment. Des milliers d’étoiles se mirent à danser devant ses yeux. Il attrapa le bord de la table pour se maintenir debout et inspira à grande goulée l’air qui lui avait manqué. Il discerna vaguement la haute silhouette de Foller qui se redressait et un terrible pressentiment l’assaillit... celui d’une mort certaine. Il se retourna brusquement et s'élança vers la sortie alors même que Foller se précipitait sur lui avec la ferme intention de terminer le travail. La providence mit la magnum de champagne sur son chemin.
Nico reprit soudain espoir en apercevant la bouteille posée à portée de main sur le bord du bureau, et il s’en saisit aussitôt. Il se retourna courageusement en tenant sa nouvelle arme à bout de bras et frappa à l’aveuglette. Le verre épais tapa durement le coude de Foller.
- Petit enculé…! s’écria le professeur qui s’écarta brusquement en se tenant le coude.
Le jeune homme recula en brandissant la bouteille. La porte du laboratoire se trouvait à quelques pas seulement. C’était, pour lui, la seule échappatoire, la seule chance de s’en sortir vivant. Le regard mauvais du professeur lui glaça le sang. Ce dernier se remit à avancer d’un air menaçant. Nico comprit tout de suite qu’il ne ferait pas le poids s’il n’était pas mieux armé. En une seconde, il brisa la bouteille de champagne contre le rebord du plan de travail, puis fit face à son agresseur.
Foller s’immobilisa. Son œil recommença à gigoter dans son orbite et il ferma brutalement sa paupière. La grimace lui déforma le visage.
- Bouh…! fit-il subitement, en esquissant un geste en direction du jeune homme pour l’affoler.
Nico eut un geste de recul. Le regard méfiant du professeur ne cessait d’aller et venir, passant par-dessus son épaule, pour fixer un endroit situé juste derrière lui. Le jeune homme aurait pu croire à une ruse, mais il sût au fond de lui-même que quelque chose se cachait là, quelque part, et allait fondre sur lui d’une seconde à l’autre. Il en eut froid dans le dos. Redoutant bien plus ce qu’il ne voyait pas, il s’élança en avant en criant de rage et en frappant dans le vide avec son tesson de bouteille pour repousser Foller. Et, soudain, sans qu’il ne puisse rien y faire, son talon d’appui dérapa dans la flaque de champagne qu’il venait de répandre sur le sol. Il perdit l’équilibre, son deuxième pied glissa lui aussi, et il tomba à terre.
Nico, dans sa chute, tenta d’atteindre son agresseur pour le blesser. Le professeur fit un bond en arrière. Le jeune homme tenta maladroitement de se relever. Une de ses élégantes chaussures à hauts-talons pendait à sa cheville et le fit à nouveau trébucher. Foller en profita pour lui tomber sur le râble, l’attrapa d’une main par le cou et de l’autre, lui tordit le poignet pour lui faire lâcher son arme.
Nico, terrorisé, serra le goulot de la bouteille de toutes ses forces et se débattit comme un dément. Il recula et recula encore se retrouvant vite acculé au fond du labo. Son dos s’écrasa violemment contre les étagères métalliques encombrées de machines. Le meuble vacilla et il bascula en arrière en entrainant Foller dans sa chute.
En tombant, un coin du meuble accrocha un rideau de plastique qui pendait contre un mur et l’arracha brutalement de sa tringle, dévoilant l'encadrement d'une porte dissimulée... et déjà ouverte. La lumière du labo pénétra à l’intérieur de la pièce secrète. Émergeant de l’obscurité, un cylindre de clonage se dressait dans un coin. Cachée derrière et à peine visible au travers des parois de la machine, une silhouette inquiétante apparaissait dans la pénombre. Elle resta, là, à observer la terrible scène qui se déroulait sous ses yeux.
Nico se fracassa le dos et se retrouva encastré entre les étagères métalliques, les quatre fers en l’air. Un mince filet d’air passait encore, en sifflant, à travers son larynx écrabouillé. Enragé, il balançait des coups de pieds et de genoux à tout va dans les parties sensibles de Foller et plantait ses ongles dans ses avant-bras pour lui faire lâcher prise. Épuisé par la lutte et souffrant des coups qu’il recevait, Foller cria à l’adresse de son invisible complice :
- Bon sang…! Mais, viens m’aider !
Nico devint soudain très pâle. Vaincu par la force de son adversaire et par celle des somnifères, il ne chercha plus à se débattre. Il regardait son amant assassin de ses grands yeux verts noyés de larmes. Le professeur ne put soutenir le regard de Nico. Son œil se mit à tourner dans son orbite et sa paupière s’agita nerveusement. Il ferma les yeux, mâchoires crispées, et serra le cou de son ex-assistant de toutes ses forces. Il eut tort de croire qu’il l’avait à sa merci.
Lentement, puisant dans ses dernières et infimes ressources, le pauvre garçon, lâcha un rebord de l’étagère et laissa tomber son bras droit. La douleur lancinante guida son geste. Il tâtonna dans le vide, puis toucha soudain le goulot de verre du bout des doigts. Il eut un haut-le-cœur en le saisissant dans sa main et trembla de la tête au pied en retirant le tesson de bouteille qui s’était planté dans sa fesse. La blessure se mit à saigner instantanément à grosses gouttes. Nico remonta lentement sa main, visa la carotide du professeur et frappa brusquement.
Le verre coupant s’arrêta à un centimètre de la gorge de Foller. Une main puissante venait de saisir Nico au poignet et lui tirait le bras en arrière. Un carcan d’acier lui enserra le cou, puis il sentit un souffle régulier lui refroidir la nuque. Lentement, inexorablement, sa main tremblante se retourna contre lui. Les pointes de verre scintillantes vinrent se coller tout près de son œil sans qu’il puisse lâcher le tesson qui le menaçait. Il loucha pour tenter d’apercevoir la main qui lui tenait le poignet et distingua vaguement, à travers ses larmes, un avant-bras, mince et très pâle, sortant d’une manche de chemise bien trop large. Il agrippa alors le bras qui lui enserrait le cou et il lui sembla tenir celui d’un enfant entre ses doigts, pas plus gros que le sien, mais dur comme le bois et strié de muscles tétanisés.
Foller, qui s'était éloigné de quelques pas, observait les deux Nico d’un air médusé.
- Tue-le…! Tue-le ! cria-t-il à l’adresse de son clone.
Le clone hésita un instant. Sans qu’il en ait conscience, sa paupière se mit à trembloter furieusement à l’unisson avec celle du professeur. Puis, enfin, son bras surpuissant se plia en deux comme une tenaille. Nico sursauta une dernière fois, tendit tous ses muscles pour tenter de se dégager et... Clac…! Une pointe de feu lui remonta au sommet du crâne, puis explosa en un million de souffrances. La lumière l’aveugla et il mourût, les vertèbres brisées.
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Le nouveau Nico avait nettoyé, suturé et pansé les blessures de Foller et s’empressait, maintenant, de reprendre une apparence normale, assis face au miroir de la salle-de-bain. Le contenu d’une trousse de maquillage s’étalait devant lui sur le plateau d’une petite commode en stratifié. Les gestes du clone étaient encore gauches et disgracieux, mais il s’efforçait à les rendre plus délicats.
La robe rouge du défunt pendait sur le séchoir mural. Foller contemplatif et souriant intérieurement la caressa avec le dos de la main. Son clone n’avait plus qu’à l’enfiler pour devenir Nico dans sa plus entière et intime intégrité. Leurs regards se croisèrent dans le miroir. Le clone arrêta de noircir ses cils et parla sans équivoque :
- Il ne faut plus jamais se revoir…!
- C’était prévu comme ça…! répondit le professeur. Et il ajouta : J’espère pouvoir te faire confiance…!
Son clone se retourna en tenant son peignoir fermé par le col. Il le toisa du regard et lui rétorqua après un bref silence :
- Tu ne devrais pas douter ainsi de toi-même…!
Puis, il se leva et s’avança vers lui en ajoutant :
- Si tu veux bien me laisser, maintenant…! Merci...!
- Si tu veux bien me laisser, maintenant…! Merci...!
Foller sortit de la salle-de-bain à reculons et se vit fermer la porte au nez.
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CHAPITRE N°12
- Parc des expositions ! annonça une voix douce aux voyageurs du métro ascensionnel.
La double paroi en diamantine coulissa et un flot de visiteurs se déversa sur le parvis du grand hall. Deux androïdes, mâle et femelle, postés de chaque coté de la sortie d’ascenseur, les accueillirent d’une même voix :
- Bienvenue au Parc des expositions, en ce jour de commémoration...! À votre droite, l’espace Sciences et Technologies. À votre gauche, l’espace citoyen. Au centre, l’attraction principale. Une heure d’attente minimum pour la visite du vaisseau extra-terrestre. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous consulter...!
Ils déclamèrent plusieurs fois leur message jusqu’à l’éparpillement partiel du groupe de visiteurs. Une mère interpela son enfant qui s’éloignait en courant dans la foule :
Ils déclamèrent plusieurs fois leur message jusqu’à l’éparpillement partiel du groupe de visiteurs. Une mère interpela son enfant qui s’éloignait en courant dans la foule :
- Ardan…! Attends-nous… Tu as bien trente secondes !
- Je reste à l’entrée…! J’ai mon GPS ! argumenta le gamin, dans l’espoir que ses parents acceptent.
- Non, tu m’attends…! dit la mère, puis elle ajouta en se retournant vers son mari et sa fille :
- Tu ne peux pas venir avec nous, Sandra. Tu es trop petite encore. Tu restes avec papa…! On se retrouve pour déjeuner !
- D’accord…! répondit le père. Tu m’appelles dès que vous avez fini et on se rejoint au resto. Et toi, Ardan, tu écoutes ta mère et tu restes avec elle, sinon tu auras affaire à moi…! Bon, à tout à l’heure…! Nous, on va commencer par se payer une bonne glace, hein…!
La gamine sourit à son père en hochant la tête pour confirmer. Le garçon se retourna aussi sec et partit à travers la foule. La mère prit juste le temps d’envoyer un baiser à sa fille et à son mari avant de se mettre à la poursuite de son fils. Elle ne chercha pas à le rattraper et le regarda disparaitre au milieu des visiteurs. Elle sortit son détecteur GPS de son sac pour le suivre à distance.
La gamine sourit à son père en hochant la tête pour confirmer. Le garçon se retourna aussi sec et partit à travers la foule. La mère prit juste le temps d’envoyer un baiser à sa fille et à son mari avant de se mettre à la poursuite de son fils. Elle ne chercha pas à le rattraper et le regarda disparaitre au milieu des visiteurs. Elle sortit son détecteur GPS de son sac pour le suivre à distance.
Sans perdre le cap, le jeune Ardan traversa le grand hall en zigzaguant entre les gens. Il se retrouva bientôt au bord d’un immense balcon circulaire qui surplombait l’espace d’exposition central. Il se faufila entre deux adultes et se colla le nez contre le vitrage de diamantine qui renforçait la haute rambarde de sécurité.
L’énorme maquette de l’aéronef était en suspension dans les airs. Un fantastique système électromagnétique la maintenait à quelques mètres au dessus du sol. Le corps du vaisseau extra-terrestre se séparait en un impressionnant double aileron qui se recourbait de chaque côté, vers l’intérieur, pour former une grande arche horizontale. Des éclairs bleus et blancs la traversaient en tous sens, simulant le champ magnétique que l’engin était censé générer. À l’avant, le gamin pouvait apercevoir une partie du bouclier entonnoir anti-particules, enrobé d’un indestructible métal noir. Il ne resta pas plus de quelques secondes à admirer le spectacle. En bas, une longue file d’attente serpentait jusqu’à une des entrées qui perçaient le flanc du vaisseau. De nouveaux arrivants venaient sans cesse s’y rajouter. Il ne supporta pas de les voir lui passer ainsi sous le nez et se dépêcha de les rejoindre.
Sa mère le filait sur l’écran de son détecteur et le vit repartir dans le sens opposé au sien.
- Oh…! Il ne peut vraiment pas tenir en place, celui-là ! marmonna-t-elle en obliquant sur sa droite.
Elle passa devant les ascenseurs où des visiteurs s’agglutinaient, puis suivit la longue promenade circulaire qui descendait jusqu’à l’esplanade d’exposition. Elle se retrouva face à une foule compacte. Des milliers de personnes déambulaient, le nez en l’air, tout autour de l’immense vaisseau extra-terrestre. Son fils était là, quelque part, au milieu de tous ces gens. Elle se dirigea vers le signal et le découvrit enfin, les yeux écarquillés, bouche bée, en train de fixer un groupe de transformistes qui patientaient dans une file d’attente.
Les quelques énergumènes qui parlaient entre eux de manière ostentatoire, affichaient des visages et des crânes radicalement transformés. Des imitations plus ou moins personnelles, mais parfaitement réussies, du fantastique faciès de leur nouvelle icône, Lady Ripley.
- Je suis absolument certain, qu’un jour tout le monde en sera…! Qui refuserait d’évoluer d’aussi belle façon, hein…? lança l’un d’eux.
- Un paquet de monde, je peux te l’assurer…! Tiens regarde ceux- là, comment il nous regarde. Tu crois que ça les tente ? dit une autre.
- Pfff…! Les humains, tu parles…! Ils font et disent le contraire de ce qu’ils veulent ! rétorqua un troisième individu.
Tout le monde les regardait en passant devant eux. Adeptes du génétisme, ils se croyaient en avance sur leur temps, non sans raison, et militaient au grand jour pour une libéralisation des clonages et des mutations volontaires. Ils étaient venus là, entre autres, pour voir l’exposition sur les extra-terrestres et plus particulièrement pour admirer les reproductions de xéno-morphes, grandeur nature, qu’on y exposait.
- Ah, te voilà…! s’exclama la mère en tombant sur son fils. Dis donc, Ardan...! Tu sais bien que c’est malpoli de fixer les gens comme ça…! Allez, viens...! On va visiter le vaisseau. Ici, ce n’est pas pour toi. Ce n’est pas de ton âge...!
_
De là où elle se trouvait, derrière le vitrage teinté d’une loge qui surplombait le grand hall, Claire Baron apercevait le grouillement de la foule qui se pressait pour la visite du vaisseau extra-terrestre. L’appréhension lui nouait l’estomac. Elle espérait cette rencontre, autant qu’elle la redoutait. Elle savait par Lew Danton ce que Lady Ripley attendait d’elle. L’enjeu était des plus fantastiques, mais elle doutait encore de ses capacités à résoudre les insurmontables problèmes qui lui avaient été posés.
- Ce qu’elle nous demande est pharaonique…!
- C’est un projet à son image…! répondit le Ministre de la Défense.
Ce dernier sirotait un soda vert fluo, assis dans l’un des fauteuils qui meublaient la pièce. Il redressa soudain le buste, puis se pencha en avant pour poser son verre sur la table basse, en disant : « Ah…! Je pense que c’est pour m’annoncer son arrivée. Excusez-moi !
Il sortit son oreillette de la poche de sa chemise et la fixa rapidement.
Ce dernier sirotait un soda vert fluo, assis dans l’un des fauteuils qui meublaient la pièce. Il redressa soudain le buste, puis se pencha en avant pour poser son verre sur la table basse, en disant : « Ah…! Je pense que c’est pour m’annoncer son arrivée. Excusez-moi !
Il sortit son oreillette de la poche de sa chemise et la fixa rapidement.
- Horst…! Parfait…!
Il laissa son interlocuteur lui parler un court instant, puis reprit :
- Oui, oui, ne vous inquiétez pas, tout a été fait selon vos ordres. Vous aurez tout le temps de vérifier avant son discours. Nous vous attendons !
Il remit l’oreillette dans sa poche, puis se leva d’un bond.
Il laissa son interlocuteur lui parler un court instant, puis reprit :
- Oui, oui, ne vous inquiétez pas, tout a été fait selon vos ordres. Vous aurez tout le temps de vérifier avant son discours. Nous vous attendons !
Il remit l’oreillette dans sa poche, puis se leva d’un bond.
- La voilà…!
Claire Baron sentit le rouge lui monter aux joues et les battements de son cœur l’oppresser un peu plus. Elle respira un grand coup en se retournant vers Lew Danton. Ce dernier la rassura :
- Je suis sûr que vous allez très bien vous entendre…!
_
Horst, le Monsieur Sécurité du Gouvernement, sortit de l’ascenseur prestement et avança dans le couloir, soulagé de ne plus sentir le regard froid de Lady Ripley braqué sur sa nuque. Une longue coursive circulaire s’étirait devant eux. D’un côté, la paroi de diamantine offrait une vue imprenable sur le grand hall. De l’autre, sur des loges inoccupées. Horst marchait rapidement et la "Mutante" semblait glisser sur le sol, à sa suite, dans son long drapé immaculé. Un grand foulard ornementé lui coiffait la tête jusqu’aux épaules et un voile de tulle très fin dissimulait son visage.
Ils s’arrêtèrent devant la dernière loge. La cloison était opaque et légèrement illuminé. Horst appuya son pouce contre l’écran de l’interphone. La porte coulissa aussitôt et s’ouvrit sur Lew Danton qui se précipita vers eux.
- Bienvenue…! Je vous en prie, entrez ! dit le Ministre de la Défense Américaine en serrant la main du Chef de la Sécurité.
Il recula en esquissant une courbette pour laisser place à Lady Ripley.
- Mes hommages, Lady Ripley…!
Le ministre s’empressa de baiser la main gantée que la "Mutante" lui présentait, puis se redressa.
- Laissez-moi vous présenter Mademoiselle Claire Baron, la Responsable des productions minières et notre meilleure techno-logicienne…! dit-il en se tournant vers cette dernière.
Il recula en esquissant une courbette pour laisser place à Lady Ripley.
- Mes hommages, Lady Ripley…!
Le ministre s’empressa de baiser la main gantée que la "Mutante" lui présentait, puis se redressa.
- Laissez-moi vous présenter Mademoiselle Claire Baron, la Responsable des productions minières et notre meilleure techno-logicienne…! dit-il en se tournant vers cette dernière.
Lady Ripley la trouva très belle. Grande, mince et élégante, avec une longue chevelure de feu qui ondulait de chaque côté de son beau visage. Un visage à la beauté effacée, cachée sous des traits légèrement durcis. Les yeux très clairs de la jeune femme contrastaient avec la sévérité qui émanait de sa personne. Lady Ripley se sentit immédiatement en confiance. Elle lui tendit la main.
Claire Baron avança d’un pas et lui donna timidement la sienne.
- C’est un grand honneur, pour moi, de vous rencontrer, Lady Ripley…! déclara la technologue en soutenant le regard noir et perçant qui transparaissait au travers du voile de tulle.
- C’est moi qui suis honorée que vous acceptiez de me rencontrer, Mademoiselle Baron ! J’ai très certainement plus besoin de vous, que vous de moi ! répondit Lady Ripley.
- Je ferai de mon mieux pour vous aider ! conclût Claire Baron.
La "Mutante" lui lâcha la main en l’effleurant du bout des doigts. La soie de son gant glissa lentement contre la paume de la jeune femme pour faire durer le contact. Lew Danton reprit la parole.
- Bien…! Maintenant que les présentations sont faites, nous allons vous laisser. Votre discours aura lieu dans environ deux heures, Lady Ripley. Je reviendrai vous chercher pour les derniers préparatifs...!
Il se tourna vers le Chef de la Sécurité :
- Je vous accompagne, Horst ! dit-il en attrapant celui-ci par l’épaule.
Il se tourna vers le Chef de la Sécurité :
- Je vous accompagne, Horst ! dit-il en attrapant celui-ci par l’épaule.
La "Mutante" attendit que la porte se referme sur les deux hommes, puis elle alla se poster face à la large baie vitrée qui donnait sur les espaces d’exposition. Elle souleva le voile de tulle qui lui couvrait le visage, le rabattit vers l’arrière et fit mine de s’intéresser à l’immense vaisseau extra-terrestre exposé au centre du grand hall.
- Approchez, Claire…! Vous avez fait un admirable travail. Ce vaisseau est une merveille de technologies. Et cette reconstitution est tout à fait remarquable. J’ai lu votre rapport. Je vous félicite…!
La jeune femme resta un peu en retrait derrière la "Mutante" et répondit :
- Il ne manque plus que le carburant pour le faire fonctionner…!
- Tout est là…! Il nous faut toujours courir après l’énergie que nous dépensons. Nous savons où la trouver, c’est déjà bien. Il ne reste plus qu’à aller la chercher !
- Et justement... ce que vous proposez est très intéressant…!
- Mais très improbable… je le concède...! reprit la "Mutante" en se retournant vers Claire Baron.
Leur regard se croisèrent. Le cœur de la jeune technologue bondit dans sa poitrine et elle cilla des paupières avant de se reprendre. La surprenante beauté et la grande noblesse qui se dégageaient de ce visage déformé par la mutation l’impressionna au plus haut point. Elle avait craint de ne pouvoir affronter cette vision, mais finalement le sourire que Lady Ripley lui avait adressé ne lui avait en rien paru monstrueux.
- Asseyons-nous pour en discuter…! proposa la "Mutante" en se dirigeant d’emblée vers le grand fauteuil installé, là, pour elle.
Elles se retrouvèrent face à face. Le regard appuyé que Lady Ripley posa sur la technologue mit cette dernière dans l'embarras. Claire Baron sourit en rougissant puis tripota machinalement les dossiers posés devant elle. Lady Ripley reprit la parole.
Elles se retrouvèrent face à face. Le regard appuyé que Lady Ripley posa sur la technologue mit cette dernière dans l'embarras. Claire Baron sourit en rougissant puis tripota machinalement les dossiers posés devant elle. Lady Ripley reprit la parole.
- Dites-moi très franchement ce que vous pensez de mon projet, je ne m’en offusquerai pas !
La technologue réfléchit quelques secondes, puis se lança :
- L’idée d’un voyage sans escale est très intéressante en elle-même. Il faut, bien sûr, qu’il nous permette de devancer les Militaires dans leur progression, ce qui n’est pas définitivement établi d’après les premières estimations. Le problème le plus important est bien évidemment le carburant. La quantité nécessaire est phénoménale. Il faudrait commencer à le stocker dès à présent. Je sais bien que le gouvernement nous soutient mais il va devoir conquérir de nouvelles colonies s’il veut suffire aux besoins de ce projet…!
- Vous aurez tout ce que vous demandez, vous pouvez compter sur lui. Continuez, je vous en prie...!
- L’autre problème, c’est le vaisseau…! En ce qui concerne "l’Auto-Lab", je pense que sa mise au point ne nécessitera pas plus de dix ans. L’équipage robotisé sera capable de s’auto-recycler indéfiniment. Le "Géno-Cube" aussi…! Le véritable défi est la conception du vaisseau qui les transportera. Il nous faut un engin capable de résister à un voyage de 75 000 ans, non-stop. Nous pouvons à peine atteindre les mille années avec la technologie actuelle. C’est un autre genre de vaisseau dont nous avons besoin…! Nous réfléchissons donc à la possibilité de transformer un géo-croiseur en vaisseau longue-distance !
- Vous pensez que ça peut fonctionner…?
- Eh bien, pour en être plus sûr, il vaudra mieux envoyer une ou deux missions de plus, qu’il sera toujours possible de désactiver. Mais oui, je crois que cela est possible…! D’autant plus que nous bénéficions maintenant des technologies extra-terrestres et de matériaux quasi inusables. Les géo-croiseurs seront plus rapides, plus spacieux et surtout plus résistants. Ce sont des boucliers naturels…! Nous pourrions voyager sans escale, et si ça se trouve passer d’une galaxie à l’autre. La difficulté majeure reste sa découverte et bien sûr sa transformation dans l’espace. Cela prendra des années...!
- Vous dites "nous", en parlant de ce voyage. Comme si vous vouliez y participer ! remarqua la "Mutante".
La jeune femme se troubla et rougit de confusion.
La jeune femme se troubla et rougit de confusion.
- Vous avez raison…! Bien que mon inconscient dise le contraire…! Très franchement, je ne m’imagine pas perdue aux confins de la galaxie sur une planète inconnue. Quelque soient les trésors qu’elle recèle et quoique j’obtienne en échange !
- C’est pourtant d’esprits incorruptibles dont cette mission a besoin…! lui fit remarquer la "Mutante". N’avez-vous pas envie de découvrir cette nouvelle énergie, de voir voler ce vaisseau…?
Elle montra l’aéronef du doigt à travers la paroi de diamantine.
- Oui, bien sûr…! répondit la technologue. Mais je crois que nous découvrirons de nouvelles formes d’énergies, ici, sur Terre, bien avant qu’une des missions aboutisse. Les énergies quantiques sont inépuisables. Un seul atome de matière contient en lui autant d’énergie que notre propre univers. Il me semble vain d’aller chercher ailleurs...!
- Je n’en suis pas si sûre…! rétorqua Lady Ripley. Il n’est pas certain que vos scientifiques puissent aller plus loin dans leurs introspections quantiques. Et heureusement…! Je trouve cette science extrêmement dangereuse, trop imprévisible. Des univers entiers pourraient nous exploser à la figure...!
Claire Baron resta bouche bée une seconde, essayant de retenir le sourire qui lui tirait les joues.
- Excusez-moi, mais je ne m’attendais pas à cela de votre part. C’est tout simplement l’expression d’une peur primaire. Il faut voir cela autrement. C’est comme si l’on puisait dans un sac qui se remplit sans cesse. Il suffit de stabiliser le débit pour le contrôler et il n’y a aucun risque de réaction en chaine…!
La jeune femme s’interrompit soudain, gênée de s’être laissé emporter.
- Je vais m’arrêter là, sinon on risque d’y passer l’après-midi…!
La jeune femme s’interrompit soudain, gênée de s’être laissé emporter.
- Je vais m’arrêter là, sinon on risque d’y passer l’après-midi…!
- Oh, mais c’est très intéressant et vous êtes très convaincante…! dit la "Mutante". Je préfère tout de même rester avec mes peurs, aussi primaires soient-elles, et miser sur un projet moins utopique. Les géo-croiseurs semblent être notre meilleure alternative. Si vous ne réussissez pas avec l’énergie quantique, ce sont eux qui nous mèneront au minerai dont vous avez besoin. Vous réussirez, peut-être, à faire voler votre vaisseau sans avoir besoin d’aller chercher le carburant aussi loin, mais vous savez que pour le Gouvernement, il n’est pas question de compter sur une hypothétique découverte scientifique. Il le fera avec ou sans vous. Alors, autant que ce soit avec la personne la plus compétente et honnête possible…!
Lady Ripley fit une pause, puis reprit.
- Vous devez vous douter que j’ai d’autres raisons que celles du gouvernement pour aller là-bas. Je ne veux, évidemment, pas vous bercer avec les sempiternels arguments que je sers à la population depuis des années, comme, par exemple, celui d’aller au devant des extra-terrestres pour les pacifier, ou un tas d’autres balivernes. Je veux vous dire la vraie et unique raison qui me pousse à partir sur cette planète…! C’est qu’elle m’appelle...! Et cet appel est à chaque fois plus prenant. C’est une supplique à laquelle je ne peux échapper. Je ne serai pas en paix, tant que je ne l’aurai pas atteinte, vous comprenez…! J’aimerais quitter la Terre avant que ce ne soit à mon tour de le faire ici-bas. Je ne suis pas éternelle…!
La sollenité du propos émut la technologue. Lady Ripley resta silencieuse un court instant avant de se remettre à parler.
- Dites-moi… ! De combien de temps pensez-vous avoir besoin pour équiper un premier géo-croiseur...?
Lady Ripley fit une pause, puis reprit.
- Vous devez vous douter que j’ai d’autres raisons que celles du gouvernement pour aller là-bas. Je ne veux, évidemment, pas vous bercer avec les sempiternels arguments que je sers à la population depuis des années, comme, par exemple, celui d’aller au devant des extra-terrestres pour les pacifier, ou un tas d’autres balivernes. Je veux vous dire la vraie et unique raison qui me pousse à partir sur cette planète…! C’est qu’elle m’appelle...! Et cet appel est à chaque fois plus prenant. C’est une supplique à laquelle je ne peux échapper. Je ne serai pas en paix, tant que je ne l’aurai pas atteinte, vous comprenez…! J’aimerais quitter la Terre avant que ce ne soit à mon tour de le faire ici-bas. Je ne suis pas éternelle…!
La sollenité du propos émut la technologue. Lady Ripley resta silencieuse un court instant avant de se remettre à parler.
- Dites-moi… ! De combien de temps pensez-vous avoir besoin pour équiper un premier géo-croiseur...?
Claire Baron mit quelques secondes avant de réagir.
- Écoutez, je ne peux vous donner de prévisions formelles, mais il est probable que tout sera fonctionnel et prêt à amarrer d’ici une dizaine d’années. Il faut encore prévoir la même durée pour creuser l’enceinte intérieure, installer les moteurs internes et les panneaux de protection, ainsi que tous les systèmes de commandes, salle des machines et labo compris. Le plus long ensuite sera d’atteindre la fenêtre de sortie. Il n’y aura plus qu’à espérer que le géo-croiseur quitte son orbite sans problèmes. C’est vraiment tout ce que je peux en dire !
- Ça suffit pour me rassurer...! déclara la "Mutante". Je suis ravie d’avoir votre soutien pour ce projet. Je le serais d’autant plus si vous acceptiez de participer à la mission, mais c’est à vous d’en décider...!
Claire Baron hésita un instant, puis répondit :
- Ne croyez surtout pas que la mutation puisse m’effrayer. C’est de quitter la Terre dont j’ai peur…! Je ne pense pas pouvoir supporter un quelconque éloignement. Même si j’étais sûre que "Éternity"soit parfaitement viable… C’est bien comme cela que vous l’avez nommée…!? Même si cette planète devenait aussi attrayante que la nôtre, il me semblerait trahir la Terre si je décidais d’y aller...!
- Ce n’est peut-être pas l’avis du gouvernement…! rétorqua Lady Ripley. Il espère peut-être que vous accepterez. Je crois qu’il a peur de me laisser partir seule et qu’il a besoin d’une personne sûre pour veiller sur son minerai...!
- Voilà une autre bonne raison pour ne pas y aller…! s’exclama la jeune technologue.
- Très juste…! renchérit Lady Ripley avec un petit sourire. Mais il lui faudra bien quelqu’un. Bref…! N’en parlons plus. Pensons plutôt au travail qui nous attend, ici-bas. Le gouvernement nous donne carte blanche…! Il vous suffira d’exiger pour obtenir…! Je serai moi-même à vos ordres et y répondrai à tout moment. Mr Horst arrangera nos rendez-vous. Il vous donnera toutes ses coordonnées à son retour...!
- Entendu…! répondit la jeune femme. Je vais m’atteler à la tâche et je vous ferai parvenir un compte-rendu le plus tôt possible…!
Lady Ripley soupira de contentement :
- Voilà qui est fait...! dit-elle en souriant. Je vous remercie, Claire. C’est un long voyage qui commence et, je l’espère aussi, une longue amitié...!
- Je le souhaite aussi…! Je ferai mon possible pour vous permettre d’aller sur "Éternity"...! déclara la technologue.
- C’est là que je veux être enterrée…! dit alors la "Mutante" sur un ton étrange.
Puis elle sourit à nouveau.
- Je plaisante…! Ne faites pas attention à mon humour, il est parfois exagéré...! Parlez-moi, donc, un peu de vous...! J’ai su par notre ami Lew Danton que vous étiez une descendante de la très ancienne famille Weyland. Il ne vous l’a peut-être pas appris, mais c’est pour leur compagnie que je travaillais dans ma… précédente vie. Vous le saviez…? C’est une heureuse coïncidence, qu’aujourd’hui, ce soit vous qui m’aidiez dans cette entreprise…!
Puis elle sourit à nouveau.
- Je plaisante…! Ne faites pas attention à mon humour, il est parfois exagéré...! Parlez-moi, donc, un peu de vous...! J’ai su par notre ami Lew Danton que vous étiez une descendante de la très ancienne famille Weyland. Il ne vous l’a peut-être pas appris, mais c’est pour leur compagnie que je travaillais dans ma… précédente vie. Vous le saviez…? C’est une heureuse coïncidence, qu’aujourd’hui, ce soit vous qui m’aidiez dans cette entreprise…!
- Il y a de très nombreuses branches dans l’arbre généalogique de ma famille, dont la plupart étaient pourries, je l’avoue, mais dont certaines sont toujours restées saines. Mes ancêtres étaient de fervents écologistes progressistes et n’ont jamais été contraint à l’exil, vous savez ! Ils avaient de grands idéaux citoyens, de partage, de tolérance, d’indépendance, et cætera…! Je crois que j’ai surtout hérité d’une de leur obsession…! Le Travail…! Je ne peux absolument pas m’arrêter de travailler ou d’y penser. C’est tout juste si je ne m’ennuie pas à vous parler de moi. J’ai dé…
Lady Ripley éclata de rire. La jeune femme s’interrompit, un peu gênée par la bourde qu’elle venait de commettre. Elle essaya de se rattraper.
- Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire…!
- Oh, mais ne vous excusez pas…! J’apprécie beaucoup votre franchise. Vous l’avez dit avec tellement de naturel… En tout cas, moi, vous ne m’ennuyez pas. J’ai appris tout ce que votre famille a fait d’important pour notre société. C’est très impressionnant. La conception des Cités Agricoles était une riche idée. Cela m’étonne, d’ailleurs, que vous ne l’utilisiez que pour les colonies. Pourquoi pas sur Terre ? Cela aurait dû être fait depuis longtemps !
- Très peu de citoyens sont de cet avis. Beaucoup de raisons rendaient le projet plus ou moins superflu, à l’époque. Aujourd’hui il serait carrément obsolète. La Terre est devenue une serre géante destinée à nourrir les colonies Et puis la nature, en elle-même, n’intéresse plus personne. On la sonde au microscope électronique. On la transforme à grand coup d’équations. Libérer le territoire pour le réinvestir est tout simplement devenue une incongruité. Les colons le feront peut-être s’ils découvrent une nouvelle Terre !
- Nous le ferons sur Éternity…!?
- J’ose espérer que ce soit possible, un jour. Mais ne rêvons pas…!
- Vous n’êtes pas très optimiste…! J’espérais pourtant que vous m’aideriez à réaliser tous ces rêves...!
- N’insistez pas ou je vais me sentir forcée de vous accompagner ! répondit la jeune femme.
- D’accord, d’accord…! Parlons d’autre chose...! Expliquez moi, mais alors très succinctement, comment ce vaisseau peut atteindre des vitesses supra-luminiques. Je n’ai entendu que de vagues explications dans les médias, sans avoir le temps de m’y attarder…!
- Je crois qu’il faut d’abord parler du carburant, qui est primordial. Il faut une source d’énergie phénoménale pour générer les forces magnétiques capables de produire, non seulement le bouclier magnétique, mais aussi l’accélération. Nos derniers dérivés de détérium produisent cent fois moins que nécessaire. On a ramené les fragments de minerai trouvés dans les restes du vaisseau et isolé quelques grammes de Neutrinite. Un milligramme produit autant d’énergie que cent grammes de détérium lourd. Même le poids de carburant nécessaire en devient négligeable… On en trouve, malheureusement, en abondance, qu’au centre de la Voie Lactée…! On espère, soit-dit entre parenthèses, en créer dans nos super-accélérateurs, d’ici peu. En attendant, le vaisseau n’est qu’une coque vide…!
La jeune technologue termina sa phrase en se tournant vers la baie vitrée par laquelle on apercevait une partie des ailerons arrière de l’imposant vaisseau extra-terrestre. Elle se leva brusquement, puis reprit :
La jeune technologue termina sa phrase en se tournant vers la baie vitrée par laquelle on apercevait une partie des ailerons arrière de l’imposant vaisseau extra-terrestre. Elle se leva brusquement, puis reprit :
- Je préfère l’avoir sous les yeux pour vous expliquer son fonctionnement. Ce sera plus facile !
- Je vous suis…! répondit la "Mutante".
Le vaisseau leur apparût dans toute sa splendeur. Des arcs d’éclairs blancs et bleus jaillissaient d’entre les deux ailerons et illuminaient leur visage. Lady Ripley se posta au côté de la jeune femme et observa la foule qui s’activait sous leurs pieds. Elle avait bien une tête de plus que la technologue qui était pourtant déjà très grande. Cette dernière, très impressionnée, hésitait et attendait un signe de sa part pour commencer. La "Mutante" resta rêveuse durant un court moment.
- Excusez-moi…! C’est la foule qui m’hypnotise…! Allez-y, je vous écoute...!
- Eh bien, on peut commencer par la propulsion…! Ce sont les ailerons qui la génèrent grâce à un assemblage d’aimants ultra puissants disposés sur l’intérieur de l’arche. Cela provoque un immense jet magnétique assez puissant pour provoquer une pression sur le champ de particules stellaires. C’est exactement le même système qu’une fusée, mais sans gaz et sans atmosphère. C’est ce qui permet l’accélération. Évidemment, elle est très lente, notamment pour un cargo de cette taille, mais elle est suffisante pour le lancer à plusieurs fois la vitesse de la lumière en quelques années…! Pour résister à de telles vitesses, le vaisseau est protégé par un bouclier magnétique… Vous voyez, c’est cet espèce d’entonnoir à l’avant de la coque…! Celui-ci génère un phénomène d’aspiration qui absorbe les particules stellaires au lieu de les repousser. Cela aide d’autant plus à accélérer, car les frottements sont réduits au minimum. Le générateur principal se charge de recycler tout ce qui est avalé par le bouclier pour le transformer en énergie pure…! Le générateur magnétique se trouve à la jonction des deux ailerons, à l’arrière de la coque. C’est là que tout se joue… à l’intérieur du cœur ! C’est une enveloppe magnétique qui y maintient l’énergie confinée et la guide vers les propulseurs et vers les transformateurs. Environ trente pour cent de la masse énergétique est utilisé pour la protection du cœur des réacteurs et s’y consume en permanence, le reste sert principalement à l’accélération. C’est pour cela que la Neutrinite est indispensable. Elle produit l’énergie nécessaire pour un volume et un poids relativement restreint. On pourrait certainement en trouver sur Terre, mais la quantité serait plus qu’insuffisante. Il faut donc se résoudre à attendre. Ce sera aux générations futures d’en profiter !
Lady Ripley resta pensive, puis déclara :
- Il y a, peut-être, un petit garçon ou une petite fille, dans cette foule, qui feront partie de l’aventure…! - Qui sait…! Ils sont de plus en plus nombreux à s’y intéresser ! répondit la jeune femme. On dirait que plus rien ne les effraie…!
Lady Ripley ironisa :
- Pas même une mutation…!
- Ce n’est pas ce que je voulais dire, mais c’est vrai…! Ils n’ont plus peur de cela, non plus...!
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La file avançait lentement, mais Ardan ne s’en souciait pas. Il n’avait plus qu’une idée en tête, se retourner pour parler à l’amour de sa vie. Il se cherchait un bon prétexte pour le faire quand il sentit soudain des petites tapes sur son épaule. Son cœur bondit à tout rompre dans sa petite cage thoracique. Il resta paralysé une seconde, n’osant plus rien faire. Les coups sur son épaule se firent plus insistants et il dût se résoudre à faire face. Il se tordit le cou, tirant la main de sa mère pour essayer de croiser le regard de la fillette.
La petite lui agita un bout de plastique mou et noir sous le nez, en rigolant. Ardan fut un peu surpris et mit un instant avant de comprendre ce que c’était. Il désira aussitôt la même chose.
- Maman, j’voudrais m’acheter un truc après la visite…?
Sa mère baissa les yeux vers lui et aperçut la fillette, la main derrière le dos.
- À quoi tu penses, exactement…? demanda-t-elle, un brin soupçonneuse.
- À un xéno-morphe ! répondit Ardan.
- Un xéno-morphe…!? Et à quoi ça ressemble ? l’interrogea-t-elle, en jetant un coup d’œil vers la petite. Elle en profita pour saluer les deux parents.
- Bonjour…!
- Bonjour…! lui répondit le couple.
- Mon fils veut la même chose, je crois…!
- Ah…! La poupée… Montre lui, Ariane ! dit le père. Vous en trouverez à l’Espace Citoyen…!
La fillette tendit la poupée pour la donner à Ardan. La mère du gamin se pencha vers lui pour mieux distinguer l’objet.
- Fais-moi voir de près…! Eh bien, c’est joliment fait…! Ce n’est pas pour faire peur à ta petite sœur, hein ! dit-elle pour l’avertir.
- Bah, ça lui fera pas peur…!
Les trois adultes se mirent à rire. Le gamin admira une dernière fois la petite reproduction en caoutchouc qu’il tenait entre ses mains avant de la rendre à sa propriétaire.
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Fin du septième épisode
Huitième épisode : http://lesmainssansmaitre.blogspot.fr/2015/09/eternity-alien-5-huitieme-episode.html

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