Poèmes à la mémoire de mon père
Il est bien difficile pour un poète
de se satisfaire des mots illusoires qu'il a lui-même posés sur le papier. Les
trouve-t-il finalement ridicules et trompeurs, pompeux et mal-inspirés, qu'il
hésite alors à en faire grand cas et s'interdit d'en offrir la lecture à
quiconque.
C'est plus tard, après en avoir oublié
chaque sujet, que les poèmes et les mots retrouvent de leur mystère. C'est à la
relecture de cette série d'épitaphes, "gravées dans la pierre" à la
mémoire de mon père mais oubliées dans un placard, que ce mystère s'est révélé
à mes sens abusés. Ces mots, choisis pour dissimuler non pas la vérité mais le
réel, me sont apparus plus mystérieux et incompréhensibles qu'un discours de
"président".
Ce sont le rythme et la musique des mots
qui m'ont ému.
Bon voyage...!
Echappée belle
Il reste deux colonnes
Noircies de sang brûlé
Sur la plaine.
Suaires de suies,
Vapeurs invisibles que la terre aspire
La ville a disparue,
Brûlée avec l'homme
Seul un cri a échappé au vent.
Il rôde en sifflant
Dans les tuyères de la mort
Et déverse son chant
Sur nos cendres éternelles
(à la mémoire de mon père)
Guérisseur
Souffle, feu
Ongles, chairs,
Crins et onguents !
Glaise verte et pâle !
Les corps parlent au creux de ta main
Ils se tordent et se détordent.
Frémissent sous la paume rêche qui leur répond.
S'écartèlent, captent les fluides
Résistent et capitulent.
Sculpture
Tu l'aimes ainsi.
Sculpture fuyante
Dont tu as modelé le sexe.
As-tu rêvé d'une fontaine ?
Pisseuse
Il faut attendre le bon moment.
Que la vessie soit pleine
et la source abondante.
Celle-ci a le goût du saké.
Elle jaillit d'entre deux fins ourlets d'ivoire
en un long filet de perles.
Pure et claire.
C'est une pluie de mousson.
Offrande charitable
à ma passion dévorante.
Chaude.
Généreuse.
- Je te baptise...!
- Je te bois...!
Extrême-onction !
Amour divin !
Il faut peu à peu remonter
à la source qui finit par se tarir.
Au pli de nos lèvres,
un torrent se forme
et se torsade.
Nectar d'or et de sang,
ruisselle sur la peau blanche
et glabre de ma pisseuse.
Délurée
Genoux cagneux
Genoux rentrant
Arcs de bois blanc écorcé.
Chastes vierges en goguette
Au parfum d'amandier.
Paris vous aime et se libère
dans vos rires de fleurs blanches
immaculées.
Vos tempêtes de petites culottes
et de dentelles fanfaronnes.
Poisons ancestraux
Grand Singe alcoolique.
Grignoteur d'alcaloïdes.
Mâcheur de datura.
Réceptacle mutant.
Rumine les poisons ancestraux.
Métabolise
les distillats.
Ne vois-tu pas
sur la frontière du ciel,
une île verte ?
Un refuge.
Ne sens-tu pas un vent frais
et le musc des fruits trop mûrs ?
Les arbres aux longues épines
te nourriront jusque là-bas.
Les fleurs de roche guideront
ton pas incertain.
C'est
une ville, maintenant.
Peuplée de grands singes alcooliques,
comme toi.
Tu voudrais la prendre dans tes bras,
mais elle court, talons hauts, sans savoir.
Esbrouffe
Je n'attends pas d'être fou pour me fondre
dans le monde cosmétique.
Fou de savoir et de vouloir.
Fou sans peurs qui a pour seule crainte
de ne pas mourir au combat.
Mes sens sont aiguisés et ma pensée plus encore
Elle tranche la chair molle du liseur,
et il lui faut, alors, penser ses plaies.
Codex de vocables mystérieux.
Mots à deux têtes.
Quelle muse ivre s'est emparée de moi ?
Je n'ai pas vu les légendaires guerriers d'orient.
Ni les jonques, ni ces fières orphelines
donnant le sein à leurs frères.
Ai-je tué ? J'en doute !
Ai-je tiré, seulement ?
Pour me défendre, alors !
Et sur mon colonel, encore !
Rien à faire dans l'Armée.
Retour au bercail.
Ici, les marchands ne font plus la guerre.
Escrocs de tous temps, ils s'ennuient.
Je les fréquente avec mes frères de rue.
De sublimes voyous.
D'honorables trouvères
qui se payent au passage.
Au matin, je me tends.
Coup de sabre précis,
linéaire... droit !
Qui cingle jusqu'au soir
à l'oreille des distraits.
Avant la nuit,
je parcours les mots du monde.
Attablé à son théâtre.
L'ombre de son haut mausolée
me donnant la réplique.
L’HOMME AU DÉ
Le jeu
est vain,
même pour l’homme libre qui peut y jouer.
Car devant
lui, s’étendent à l’infini
les champs
du hasard.
Des
théorèmes existent
qui les
rendent immuables
et qui ont,
depuis longtemps, tissé
la trame
secrète des sentiers qu’il emprunte.
LA MANTE NOIRE
Continue ! Continue !
Je te regarde.
Je veille aussi sur eux.
Oui, c’est bien moi !
Ta vieille nourrice.
Ton vieux père.
Aussi pansif et affaissé
Que l’amante noire qui me digère.
L’AMOUR OU LA MORT !
Il y a un grand mystère
dans le tiroir de la commode.
Un écrin de cuir blanc
sous les mouchoirs brodés d’une inconnue.
Et si je l’ouvre…
un plus grand, encore,
serti de larmes et de sang.
Cruel présent !
Au tracé court et rectiligne.
Un matin de rupture,
au creux de l’oreiller,
une élégante l’aura trouvé…
Quelle belle vengeance !
… et porté en sautoir
à l’endroit de son cœur.
L’ATELIER
Je le vois,
de derrière ma cloison délattée,
ce vieux tamponneur
qui martèle la motte froide
de ses phallus de bronze.
Chtomp ! Schlop !
Un dans chaque main.
Et vlan !
Qui les abat
de toute sa masse.
Ses attendrisseurs…
DÉSUNION
Les façades
montent à moi, dans la nuit.
De la
chaussée profonde
et des
brumes oranges
que les
vigies exhalent.
Il n’y a
plus que leurs feux
pour guider
le pas égaré
de ma mère
qui m’emporte.
Son
hurlement
monte vers
la place.
Un cri le poursuit.
Désunis à
l’instant !
Sirènes !
Capitaine !
Regards
muets...
CARTE POSTALE
Du
sang !
Des mares de
sang bien frais
et de la
chair en charpie.
Partout,
contre les murs
pour nous,
enfants avides,
qui courons
voir la Mort.
Des membres
savamment découpés
et de la
tripe étalée au comptoir.
Des volées
de shrapnels
et de têtes
égarées.
Du jus, du
pus !
Du sang noir
dans des
cris étouffés.
De la
cervelle au menu !
Des lambeaux
frits,
Vol-au-vent
et des
plaies suffocantes
L’odeur est singulière
mais la
cuisine est bonne.
APRÈS-GUERRE
J’échappe
aux fosses combles.
À ma mère
retorse
Aux non-sens
et aux
amours tristes.
Aux
invisibles ornières.
Aux voies
verticales
et aux
terreurs dociles.
Traçant le
contour de mers inertes,
sous la
trappe,
je médite.
J’ôte mes
habits de Mort.
Et nu,
je quitte
les quais
pour les
dunes
que je foule
sans complexes.
Mon corps
est une danse
que j’expose
à la roche.
ESCROC DE MES RÊVES
Il y a des
dettes
dont on ne
s’acquitte pas.
Qui ne
valent pas la somme
d’un aussi
dur labeur.
Spéculateurs !
Gardez-vous
de vos biens !
Et vous,
banquiers,
De vos
gardes !
Au vol
séculaire,
J’oppose mon
véto !
Mon
droit !
D’ordonnace
citoyenne,
il
m’autorise…
… à user de
la ruse
… à user de
vos lois
… à user de
vos vices
… à
reprendre mon dû.
ÉTREINTE
En un geste,
tout est
dit.
Le temps
d’un souffle
et la chair
est soudée.
Elle fait de
moi, son cavalier ;
un aigle de
ma monture ;
et sous nos
corps en suspens,
du gouffre
lumineux, un ornement.
Cette seule
étreinte,
aura
fabuleuse qui nous transporte,
efface tout.
Passé,
Futur,
Vie, Mort,
Terre et
Ciel.
SEPTIÈME SENS
Moi, qui ai
lu, tout,
et cris de
tous temps,
je sais que
les mots sont des armes
et qu’ils
tuent.
La Vérité
est silencieuse,
cardiaque,
reptilienne,
et la dire,
c’est tricher ;
c’est
tromper les sens.
Après le
sixième
qui est
conscience ;
elle est le
septième qui se passe de mots.
Tiens,
écoute…!
Il suffit
que les hydres-cerbères
de nos chefs
la déclament
pour qu’à
l’instant,
elle
flétrisse nos bouches.
MANI PULIS
Oh, druides,
chamanes, prêtres et sorciers !
Oh, mes
Aïeux !
Voyez comme
les fées et démons
que vous
exhortiez ont fini !
Séparés de
leurs corps.
Captifs
gisant dans le ténèbre.
Esprits égarés
En des
signes plus secrets.
Qu’on me
coupe langue et mains
Si je ne
peux les convoquer !
Âmes
éperdues qui les abritez !
Je fais
l’aumône de quelques mots.
D’une
étrange pensée.
Venez,
puisque le temps nous autorise,
respirer au
dehors,
parmi les
foules esclaves
et les hauts
murs
lavés de
toute peur.
De toute
colère.
De toute
science.
Oh, grands
Mages !
Maitres des
au-delà,
qui les
détenez !
Percez moi
le front
du ténébreux
rayon
aux
fréquences télépathes !
Ou
trépanez-moi à leur place !
Ôtez-moi
toute joie
si je les
abandonne !
Boule de feu
ricanante.
Fardeau jeté
au puits de ronces.
Les autres
s’en sont retournés
Crever dans
leurs bas-enclos.
Me laissant
seul.
Oh, blâmes
et reproches !
Hautes
instances de la Folie !
À vos
lexiques,
Je réplique.
Et en
public, n’invoque plus
anges, ni
démons.
Les fous
sont sages.
La
multitude, attentive.
L’étoffe des
songes, impénétrable.
SECONDE CHANCE
Ce mal
profond ;
et pas
seulement
l’apanage du
coiffeur ;
il est aisé
de s’en défaire.
Une arme de
poing pourrait suffire.
Mais pour
bien faire : un peu d’anatomie !
Trop en
avant, trop en arrière.
Un peu trop
haut, un peu trop bas.
Un trait de
cuivre n’efface rien.
Pour éviter
rallonge
et
dérangements :
un lacet peu
usé.
Tu te
souviens du nœud coulant…
Lie-le au
lest.
Et le front
blanc, la cerne noire,
aux ailes
glaçantes de l’Amour,
ré-endors-toi
.
CAPITAINE IGLOO
Ainsi nommé
par les Trépides
lorsque,
porteur d’une fausse missive,
il apparut,
toque
blanche et col d’hermines,
scellé au
cul d’un grand élan.
De sa parole
dépendait la
victoire.
Il annonçait
la mort
et la
résurrection.
Le retour du
sauveur.
Du puéril
forfait, ourdi la veille
dans
l’allégresse, il fit honneur
et en acquit
sa renommée.
De sa
bouille plate
au sourire
d’esquimau,
de ses
fourrures de vieil homme
et de ses
lointaines baltiques…
il reste un
nom.
D’un tendre
et aimable irrespect.
Gravé en
lapidaires
aux marbres
blancs des môles.
DE PRÉFÉRENCE
Tu te dédies
de ton corps.
Préférant le
grotesque…
aux
laborieux soins des narcisses.
Les pauvres
gloires…
aux
médailles du mérite.
L’obscur
boui-boui…
au pédant
bal mondain.
Préférant
les rudes combats…
aux joutes
éphémères.
Les justes…
aux profits
indécents.
L’absence…
aux amours
maladives.
Préférant la
brume…
aux vapeurs
de l’en-nuit.
La Mort…
aux affres
d’un carcan.
VENDETTA
Aux viles
rapines,
infâmes
caprices de l’homme,
j’affûte mon
long poignard ;
gravé des
ordres du Talion ;
dont la lame
est semblable
à
l’aiguillon des Justes.
Je suis la
Mort-en-civil,
Charlie et
sa massue d’or fin,
Qui
poursuivent l’infamie.
Je tranche
les cuirs épais,
les
phalanges blafardes,
et s’il le
faut, les carotides.
Ô,
Vendetta !
En mon métal
brûlant,
je poursuis
l’infamie.
Je la
retrouve.
Seule.
Ivre de ses
larcins.
Il est
l’heure du décompte.
Ô,
Vendetta ! Comme tu es juste !
Et comme la
cire nauséabonde,
mêlée de
sang, est haïssable.
FERMENTS DÉSIR
Haletante à
mon souffle…
Lie de vins à
ma bouche,
tes fumées
enfiévrées,
caries et
langue noire,
et les râles
en épan
de tes
ferments secrets.
À tes
flancs, à tes creux,
à tes plis,
d’âcres sels ;
en salines
débordantes,
électriques
à mes lèvres.
Et en tes
seins crevés.
À la laie épluchée,
la lumineuse
écume,
où se vautre
à présent
mon vieux
vit ensuqué.
SIPANGO
Si je
n’avais couru après cette sorcière brune ;
M’en brisant
les panards, puis enfin les genoux,
Rampant
comme un chien fou aux pavés parfumés,
Piétiné par
la foule, mes amis qui me cherchent ;
Je
coucherais des chemins d’encre noirs,
Des voies
nouvelles,
Sur la soie
blanche des étendards.
Sur mon île.
Ce grand pré
cloturé
De tous
côtés par l’océan rageur
Où aux
grands fonds,
Sur leurs
fines tentacules,
Gardiens des
failles et des prairies,
Pieuvres,
poulpes et calamars
Se dressent
pour converser.
Je serais…
Cavalier de
bronze au tricorne d’acier,
Aux cuirs
d’or, chromes et multicolores,
Fleurant les
premières neiges
Sur son
poney hippie et flamboyant,
Et défendant
comme tous, ici,
Le Feu du
Monde.
Je serais…
Génie du
mal, par toute mère invoqué.
Trois dents
à son clapoir,
Trois poils
à ses bajoues,
De grosses
mains et d’obscènes petits doigts,
Une griffe à
chaque orteil.
Et accoudé
aux cieux,
Nuage de
vent ravissant les enfants,
Mauvais
génie
Qui tire à
lui les langes pour s’en vêtir.
Enfin, je
livrerais…
Vissé à ma
Honda,
Saintes
et Anges de latex
Pliés en
quatre au porte-bagages,
À de vieux
singes, d’indignes célibataires,
Vidant leur
sac à la bonde impudique.
Nulle fausse
pudeur à Sipango
Où l’ordre
règne sur tous les sexes.
MUE
Je vois une
jolie fille, là-bas,
qui sort du
bruit.
Du bruit des
feuilles.
Sur ses pas,
vite,
la ville,
vite, se referme.
Ne tarde
pas, ma Belle.
Ne finis pas
dans ses façades.
Chaussée de
terre,
elle marche
droite au rue de ciel.
Parfois, un
voile ténu,
une lumière
juste la retient,
mais elle ne
peut s’y arrêter.
Vite, à sa
cheville frêle, vite,
Et au son
clair de ses talons,
je la
devine. Je la devine,
affaires
cessantes,
sans ses
peaux d’vaches.
Ô, mon
amour !
MATIN
(de Roger Marin)
Aucun homme
n’efface rien sur ELLE
et ne peut y
laisser son empreinte.
Tout ce qui
est a été s’évanouit dans un rêve
comme un rue
au matin…
et il ne
reste qu’ELLE…
Si son front,
il y a peu,
n’avait été
frôlé,
on la dirait
étonnée.
Ses joues
seules me sourient.
Et les jours
ne s’amassent pas
non plus sur
son visage,
ni ne
changent son sourire léger
qui rayonne
vers les choses.
Avec de sa
fermeté dure
elle fait de
chaque chose
chaque fois
la première,
et du plus
petit instant.
Son corps
ferme, son regard recueilli
s’entrouvrent
au son d’une voix douce,
tendrement
rauque ;
une voix
d’homme, las…
Mais nulle
lassitude ne la touche…
Quand on
fixe sa bouche,
Ses yeux
restent mi-clos.
Bien des
hommes connaissent son fin sourire
ou sa ride
soudaine.
Si jamais il
y a homme qui la sait
gémissante,
humiliée d’amour,
il expire en
ces jours…
car il ne
sait pour qui
ELLE vit
aujourd’hui.
En
marchandant la rue, TOUTE,
ELLE sourit
son sourire
Le plus
ambigu.
PEUR
Elle a un
gène, imbriqué à la vie,
Que la vie
enfanta avec sa sœur.
Elle était
feu et glace, cannibale.
Évidente.
Prédation,
chasse et guerre.
Éminente.
TERREUR, sa
demi-sœur ou cousine,
Simple
marchande,
L’accompagne
à présent à l’heure du thé.
D’un thé à
la menthe violemment infusé
Aux
interlings du matin et du soir.
Des chemins
d’asphalte la précède ;
Qu’elle
n’emprunte pourtant pas
Car elle
vole.
Car elle
vole sous nos pieds.
Confortable,
économe, productive.
Et nous sommes
assurés pour mille ans.
Son aile de
feu titanesque
Fauche les
monts de déchets
Établis par
l’homme.
Et de son
ombre,
Rassure la
vermine qui s’en échappe.
Elle rase
aussi les places trop planes
Et les
rebaptise : Carrefour, Vie de Néant.
Elle fend les
crânes trop durs
Qu’elle
expose
Éventre et
arrache le cœur
Des enfants
donnés à dévorer.
N’est-ce
point là, sous mes yeux ?
Et en moi
Comme le
lent parcours des vers
Au travers.
Comme le
sang qui caille
Au dehors.
Au-dedans.
Et sur mon
mur.
Comme le tigre
Tapi à mes
pieds.
N’est-ce
point là, sous mes tempes,
Comme le cri
supplicié
Chuchoté à
l’infini.
La charge
héroïque des sans-âmes.
Comme la
mort de mes fils,
Un par un.
Le carcan
officiel de mon corps.
Et en mes
organes intimes,
Tous les
effrois du monde :
Ton absence…
EXACT, MAIS SALE…!
Il est exact
que ce soit sale…
comme vos
petites culottes,
Madame !
Et il est
juste de le dire.
Si comme le
rire,
la justice
est le propre de l’homme,
je me ris du
jugement et de son insolence.
J’exulte…
Tant que
vous exhalez…
Petite
maitresse sans envergure,
Je ne suis
pas chien à détester.
Je suis
l’élève, le devenir.
Maitre de
moi avant toute chose.
Si je ne
sais, apprenez-moi ;
si je suis
sale, nettoyez-moi ;
mais ne
retirez rien à mon mérite
que vous n’ôteriez
à vous-même
devant tout
le monde !
ARBORESCENCE
Après mille
ans,
c’est-à-dire
à dix ans,
il était
comme cet arbre
figé, sans
certitude…
Il piétinait
donc au ciel,
tirant sur
son corps
avec ses
deux têtes.
Et à ses
cimes grandioses,
de fines
branches d’or volaient
en de
nombreux sens.
Déjà, il
s’enterrait ;
livrant aux
vivants et aux morts
ses pensées
micellaires…
ses larmes
foudroyées…
Avec quelle
indolence
mille années
ont suivi…
Sa marche
était celle des nuées.
Des pluies sillonnant
le monde
à sa corce
effacée.
Celle des
vents déchirants,
des frasques
lunaires
et de
l’éronde céleste.
Elle était
lente,
toujours
vers le haut,
et prudente
à s’ancrer.
Il aimait
tant se coucher aux saisons.
À chacune,
il prenait ses mystères ;
Puisait en
ce qu’elle charriait
d’étoiles,
de vie et de rumeurs.
Au souffle
d’automne.
Aux fins
cristaux d’hiver.
À
l’impatience printanière.
Pour
qu’enfin à l’été,
comme tous
les étés,
empli d’une
foi immense,
il s’embrase
pour toi.
RAPPEL À L’ORDRE
Il y a des
signes du destin
dont à
l’évidence
il ne faut
pas douter.
Baptême de
l’air, baptême…
Baptême du
sang, baptême…
Baptême du
feu, baptême…
Baptême…
Pour toi, ni
sacre, ni funeste épigone.
Tu n’auras
pas de parrain…!
Et puisque
Dieu s’en mêle,
un
Michel-Ange, un Saint-Michel,
tous les
Michel veilleront sur toi,
mon
Stanislas…
C’est ton
ami le plus précieux
Parmi les
morts et les fantômes.
HIVER ARABE
Allons mon
impromise… !
Allons
gifler les morgues
Et rire à
nos éclats
Des fraiches
averses annonçances du printemps
Allons
fouetter les morts
De la Place
du Marché
Qu’ils
reprennent leurs affaires
Pour en
chasser les rats
Allons à ces
chères têtes
Ces belles
emmaillotées
Que livre au
ramassage
Leur abri
flambant neuf
Allons de
nos vingt ans
Aux louvoies
des carrefours
Chiper des
balles
À notre
destinée
Courons,
courons mon impromise…!
En haut du
Mont Sinaï
Poser la
nuit tombée
Nos sables
sur la Lune
L’AVALÉE
C’est
l’Avalée, ô verticale…!
Aux rives
intactes.
Qui a son ru
bien aligné,
Et à son
creux, un monticule.
Au
monticule, des vies sincères
Qui ne
doutent plus de sa beauté
Et
l’ensemencent fidèlement.
Ses
prés-carrés si lumineux
Ont en leur
clos habile
Une
Licorne-Chimère,
Une
Femme-Cheval.
Sa croupe
est fantastique… !
Mon étalon
peut en convenir.
Nulle part
au monde
Vous ne
trouverez la même.
C’est
l’Avalée, ô mon amour…!
Dévouée à
tous promeneurs
Et
vagabonde.
Amante
savante de ses rivières,
Des sources
chaudes,
Des prudes
sentiers,
Des clairs
de Lune qui la caressent.
La croix
marque l’endroit
Où, jadis,
j’ai rêvé en son sein.
Ses deux
mamelons rupestres
L’habillent
plus sûrement
Que le
harnais de cuir noir qui l’endeuille.
Et cet
écueil brûlant est un puissant bijou
Qui pend au
travers de son corps
À son âme
tristement.
C’est
l’Avalée
Elle se fait
chose,
Docile
haquenée
Et
domestique.
Mon cœur
battant
Et le sien,
calme
Elle me
revient.
ARCHÉTYPE
Fixe ton
esprit
Au point
précis
Qui le tend
Puis écoute
la rumeur
Du vent et
des eaux
À son axe
Par le biais
des bourrasques
Ta décoche
ira là
Où ton âme
s’est fixée
D’apparence
immobile
Ton œil
blanc voit le ciel
Et les
courbes qu’il s’inflige
COURANTS
À ses rives
entrenues,
en amont des
nuées,
dans la
pureté des rires
les amazones
s’apprêtent…
Ses larges
bras s’ouvrent à elles
chargés
d’une marne chaude…
limon ocre
en leur âme,
imprégné.
Orteils
délictueux,
ongles
incarnats,
astragales
mordorées…
Sous ses
airs calmes,
les courants
détournés
dérivent et
se tourmentent…
Elles aiment
sentir leur flot
s’attarder à
leur aine
pour y
trembler…
Comme le
ferait
l’homme du
fleuve…
LES TRANSLUCIDES
Au soleil
d’effondrées
Particules
amoureuses
Les enfants
de la gloire
Se
retiennent et s’entraident
Dans
l’alignement de consternations
D’étirements
telluriques
Et
d’érections stellaires
La
malédiction est donnée
Les
translucides sont conseillères
Déjouer le
sort
Relève de la
gageure
Mais non le
révéler
VAGUE À L’ÂME
Les choses insignifiantes, qui ne
le sont pas en vérité, ce sont les arbres qui ont grandi et peut-être vieilli
avec nous. Les pierres d’angles qui se sont émoussées, ont pris leur mousse aux
arbres. Les vieux remparts avachis et peut-être ces murs neufs qui les
écrasent.
C’est aussi le chant des oies qui
encloche les vallées et nous rappelle au ciel ; et dont nous cherchons
partout entre les faîtes la grande flèche majestueuse et les années-lumières
qu’elle étire. Et quand enfin on la voit… ce qu’elle procure de poésie en nos
petites âmes-oiselles égarées. Nos mufles de sang chantent parfois en ce chœur
si chanceux.
Ce sont les plafonds blancs et
leurs grains d’univers scintillant à la voute céleste de nos globes
circonflexes. Les miroirs de nos cheminères infinis, de nos cauchemars revenants.
Le vide-plein qui s’éloigne… sous nos pas… ce qu’ils procurent de vertiges,
d’échappées et de doutes est plié à l’angoisse.
Ce sont les dentelles d’horizons,
les digues de toits rouges à l’avant qui soulèvent les brumes grises des
torrents et des lacs suspendus. Ce sont l’humus de nos rives si épaisses et les
neiges d’or qui les nourrissent ; les déploiements contorsionnistes de
quatre branches maitresses… d’ombres et contours si familiers qu’ils
ressemblent à une destination désespérée.
SONNEURS
Il s’agit
d’embellir de quelques notes
éclairantes
hurlantes
et
déchirantes
les fonds
diffus de l’ignorance
De faire
vibrer l’inexistence
multiple des
multiples
aux entrechocs
où la foudre apparait
où les éclairs s’accouplent
et fondent nos larmes entre elles
C’est sous le tonnerre des armes
comme aux abords des torrents
des crimes rendus à la Rumeur
qu’il faut apprendre à écouter
Ô, infinitésimales
Élabore cet accord
l’harmonie que tu caches
à ton poing
pour enfin exister
SUR MESURE
La veste est
faite d’un épais velours noir côtelé.
De poches si
parfaitement cousues et apposées
Qu’on les
devine à peine aux bris des alignements.
Si
absolument planes qu’on peut les penser vides.
Et elles le
sont. Pas un rond de cuivre, jamais d’argent,
Ni clés,
jetons, ni facture à payer. Extra-lucide…!
J’ai beau
fouiller jusqu’aux poches secrètes
Des douzes
poches intérieures. Crocheter le fond
De gaines
profondes et de bourses discrètes
Rien ne s’y
trouve, pas même un vieux bonbon.
Et pourtant
l’un des pans pèse un poids litigieux
Un temps
d’arrêt… Ce lourd phallus de bronze !
C’est donc
dans la couture qu’est le délictueux.
Fourreau des
lames et bicéphale,
Pris aux
moines bonzes,
Aux sagesses
ancestrales.
Aux éros
grecs et à leurs dieux.
En remplacement
du firmament
Qui de son
vœu, jadis, si pieu
N’a pu
briller éternellement.
À MOMO
Ô, lent
carnage…
Les chaque
point, de chaque lettre,
De tous les
mots, de nos malédictions,
Ne
s’écrivent pas pour toi.
Je l’avais
eu ce présage.
Flou artistique…
Ton visage
boursouflé
Dans un
bosquet de joncs.
Tant
d’innocence…
Tant de
désir…
Ô, lent
carnage…
SOLEIL NOIR
Soleil
noir… !
Point
méchant
Au tracé
lumineux
Ton âme
grise
Pose un
trait si léger
Qu’il
éclaire alentour
Peu à peu
libéré
Des
contraintes et des craintes
Soleil
noir…!
Point
méchant
Et spirale à
ton âme
Cette
estompe ombragée
Toute encrée
de retenues
Pose un
poing plus léger
Sur ses
traits langoureux
Et leur cède
sa lumière.
Soleil
d’encre… !
Pour mon
humble entendement
C’est un
regretté chef-d’œuvre
Comme ta
burne épanouie
Aux mailles
de tes résilles
(à Momo)
L’ELLIPSE
Je t’ai
froidement assassinée
Ma
bien-aimée… !
D’un sale
coup asséné au passé
À ton passé
l’avais-tu oublié
Encombré de cadavres
adorés
Tu auras peu
été mais gentiment offerte
Flamboyante
comme les feux d’une alerte
Proie de
l’homme et sa perte
Flamme
glacée en son âme découverte
Peu importe
la couleur de tes yeux
Ils étaient
clairs et ambitieux
Plantés
droit dans le cœur des anxieux
Cristaux
d’art facétieux
Comme ton
divin sourire
Féerie de
blés mûrs grain de son au zéphyr
Ton parfum
de glaise rouge pétrie de soupirs
Que des
princes enivrés avaient pris pour empire
Je voulais
te punir de tes rires innocents
Quand navrée
de l’apprendre la dépouille d’un amant
S’invita à
la fête et en ton cœur d’enfant
Adressa vœux
et compliments
En ces
poisons qui te crispent
En ces mots
aiguisés qui t’attristent
Qui de ta
cour ses organes ou l’ellipse
Te déposa
dans ce tombeau de gypse
À Ariane, éternels regrets
L’ESSAIM
Cette
poésie, je la défais
C’est elle
qui me connait
Qui est
entière
Et s’offre
Entière
J’ai tenté
de la mettre à nue
Mais c’est
un essaim sans reine
Muse sans
poète
Je n’ai de
pouvoir
Qu’en sa
lente destruction
Son intime
fractionnement
Sa complète
disparition
Je me
construis donc
Sur sa
dépouille
Et elle
aussi
Sur la
mienne
ÉPITAPHE
En ce lieu
familier, je reviendrai fumer
Je
reviendrai baiser, boire et manger
Et étendrai
sous cet arbre
Ma couenne
épaisse de sanglier
Je sentirai
une main
Se poser sur
mon front
Pour y juger
du rêve
Que
j’étreignais
Et dans ses
yeux
Dans ses
yeux
Je m’en
irai…
DJANGOLOGY
Que ces héros soumis, d’antan,
Semblent être traitres à nos vies.
Il nous en faut de plus hardis
Que l’on puisse nommer : châtiment !
Le son peut se soumettre au sens
Et aux tirades extraire l’inverse.
Sonner l’alerte aux grandes averses
Et poser à nos âmes : nuage qui pense.
Avec ce Quentin-là, tout est bien différent.
À toute question, la réponse est donnée.
Et tiens le toi pour dit : plus de pitié
D’un amour éphémère, il nous fait châtiment.
La rage est à l’image et nous rend sage.
De cette sage décision qui honore les héros ;
Fouler le mal de ses talons puis y poser son véto
Sans discuter, en fignolant par un saccage.
Cet amour-là, s’appelle : prends garde… !
Tu n’as plus assez de ceux-là. Tous morts !
Le crâne percé d’une balle en or…
Et du réel, il est désormais l’avant-garde.
ARTEMUSE
Ô, mon Armée
Ma
bien-armée
Commande à
tes mots
À tes dix
doigts
Racines sans
terre
Et à tes dix
orteils
De s’enlacer
aux territoires
À mes voies
d’outre-tombe
À mes ondes
glacées jaillies du verbe
Au chœur des
âmes sans titre
Qui opère en
ton nom
Sursois aux
peines fatales
À l’abandon
de nos chimères
Des herbes
folles qui y levaient
Et de ces
feux épris d’amour
Chas-grains
précoces
Éclos dans
l’air
Sursois aux
perles et aux rubans
Au long
dessaisissement
À
l’asséchoir du temps
Et aux secondes
qui nous désertent
Réfute le
rayonnement acide
De la maison
des morts
Couvre la
vitre brûlante
De cette
épaisse teinture
Et
noircis-en
Le fond de
nos casseroles
Tes bas
résilles
Ton mascara
et ton henné
Ô, mon
Armée…!
Ma
bien-armée…
Chevauche encore
Les blanches
plaines
Mon étendard
fardé de sang
Brandi dans
un grand cri
Je ris,
pitié…!
Pour les
ossements du mort
Que tu as
déterré
RÊVES D’AMOUR
Ah… !
Tu me parles
d’amour
De grands
amours voyous
Ou bien de
contes de fée
Comme un
reproche à ma foi
Mais toi…
pour qui es-tu prête à mourir ?
Est-ce pour
celui que tu t’apprêtes à tuer ?
Ne vient
plus feindre l’amour
Ou y
prétendre entre mes bras
Déshabille-toi
tout simplement
Alanguis-toi
à mes regards
Fais-en le
corps
Qui t’aimera
Nu et sans
âme
SOURCIER
Entends la
douce escorte
Qui apaise
les tourments
De ce voyage
bruyant
De ces
furieuses cohortes
Le chant des
voix
Qui les
rassemble
Et qu’elles
emportent
À leur front
déployé
Elle pose la
trame diffuse
Des foudres
intelligentes
Des sources
intentionnées
Sur les
grandes plaines de cendres
Que tu
parcoures sans but
Voies
souterraines prises aux nuées
De ces
cadavres d’écoliers
Tombés de
leur convoi
Ce sont eux
qui entonnent
Le chant si
délicat
Que tu
perçois
En ces
tensions internes
Et les rends
supportables
À ton triste
entendement
Faces
d’anges apostrophiques
Bérus
chérubins
Rouleurs de
mécaniques
Qui dansent
sur ton chemin
ÉMISSION
La pierre de
colère
a crié dans
mon dos
mieux que
quiconque sa vérité
Le geste a
omis
de taire la
volonté
que la
pierre a soufflée
à ma nuque
attentive
DÉSAMOUR
Et vint le
temps du désamour
Oh… !
Bien avant l’amour
Qui ne fut
qu’un détour
Entorse au
désamour
Parade
nuptiale
Bien
pardonnable
Comme
j’aimerais par amour
Te parer d’abat-jours
Et te faire
bohémienne
Trouver
assez de peine
À donner à
mes pleurs
En tes yeux
de velours
En secours à
mon cœur
Rêver de toi
et de nulle autre
Comme d’une
vallée baignée d’épeautre
De ta hanche
fine et ton épaule d’enfant
Tendres
collines bercées d’amants
De boréales
à la persienne
D’un
émerveillement madrigal
À l’instant
des aubaines
Et des
saisies abdominales
CRI POSTAL
Ai-je haï
l’enveloppe contenant la missive,
la page où
sont inscrits les mots ? Le message,
la boite aux
lettres ?
À la mort de
l’expéditeur,
tout est
rentré dans l’ordre.
Les mots, la
page, l’enveloppe sont au fond du tiroir.
Lettres et
messagers sont dans leur boite.
L’âme du
destinataire est un lieu sûr.
VŒU
Serait-ce le
chant lointain et monocorde
de ta gorge
serrée sur ma poitrine ?
Ou la pointe
noire de tes grands yeux
que tu
lances à mon front percé ?
La soie des
ombres qui dansent
sur ta peau
magnétique ?
Ou tes
nymphes prudentes
qui sifflent
à mes oreilles ?
L’eau claire
de tes chevilles
Le bracelet
de ma main à ton poignet docile
Ton souffle
chaud qui m’épaule
Tes morsures
de nacre sur mes lèvres sages
Mes paumes
hurlantes à ton ventre esseulé
À ta
demi-carapace durcie par les froids
Et à ta
fesse de glace, ma joue brûlante
Tes
frémissements sur les froissements du drap…
Sont le vœu
que je fais de t’aimer à jamais.
REFUGE
Ce n’est pas
un refuge
C’est une
pierre ensevelie
Où tout est
silencieux
Où tout est
impossible
Et simple et
inaudible
Alors
pourquoi cette pierre d’été
De nos printemps
Lustrée de
fumées
Ne cède rien
aux vents
Effaceurs de
pensée ?
Quelle
douleur
Quel
mensonge
Ai-je posé
En recel à
sa face
De moins
indignes que mes regrets
Pour qu’elle
s’oppose ainsi
À
l’effacement ?
DOC’ DE RUE
À cette
folasse bien inspirée,
livrant à
tout passant,
aux
attablés, ses pires secrets ;
tu aurais
sans tarder proposer d’ausculter.
Là… !
Tout de suite !
En terrasse.
Au feu
rouge.
Tu aurais
mis tes p’tites lunettes
et bien
modestement
aurais
écarté ses deux fesses
pour essayer
d’en savoir plus.
… Bonté
divine… !
CONSPURACY
Matin déçu
d’une nuit
américaine
Soleil
d’éclipse
Instant
d’aveuglement
Dernier
trait d’aube
qui tortille
au plafond
Puis la
fente bleue de l’océan
entre les
géantes qui s’affrontent
monte, des ombres
sur les quais
vers le ciel
blanc et noir
au baiser de
leur cime
et des
angles sombres
qui
entaillent le regard
On cherche
une voile
Un yacht
étincelant
Un tank à
remorquer
dans cette
faille d’horizon
Il fait doux
en ce jour
La baie
ouverte
fait entrer
la rumeur
citadine des
ressacs
Je te prends
en photo
et tout est
magnifique
Le lien
d’azur
entre nous
deux
et nos
ombres dressées
Puis à la
tienne, soudain
un grand
éclair
sabre tes
flancs
et les
crevants
là, sous mes
yeux
en sort des
nuées noires
de tripes
ardentes
de plumes
d’aigle
aux ailes en
croix déchiquetées
Plus
fragiles que le verre
sont parois
de papier
piliers de
sucres
corps vide
et eau
Toi, tu
rêvais ; tu n’as rien vu
et moi non
plus de cet avion
J’en suis
témoin et le premier
J’ai mieux
compris pour sa jumelle
que des
muets la regardaient
Au loin,
déjà, à l’unisson
les cœurs de
pierre
battent à
tout rompre
et sans
mesures
les pleurs
de la patrie en deuil
en riant aux
éclats.
D’autres
portent à leur revers
le
proctocole d’usage des fions
et jouent
les pions rebelles
dans ce
grand faux-secret
Cette vidéo
de ton corps nu
baigné d’une
lumière irréelle
cet
« eyes-wide-shut »
c’est moi
qui leur est faite
Je pourrai
dire que j’y étais
Ô, qu’il est
doux en un seul vers
d’embrasser
toutes les vérités
Commentaires
Enregistrer un commentaire